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Billet de blog 15 septembre 2025

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Écrivaillon sans éclat, lecteur vorace

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La quadrature de l’évolution cognitive du genre humain

Cette lettre oppose l’imaginarium unique du livre papier à la toile virtuelle, dénonçant l’illusion numérique, l’appauvrissement cognitif et la décadence des générations connectées. Du parfum des pages à la bêtise scrollée, elle défend le livre comme art de vivre, mémoire tangible et ultime refuge face à l’apocalypse cognitive promise par l’ère Internet et ses simulacres.

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Dimanche 27 juillet 2025

En ce Dominical Day, il me semble opportun de mettre un accent particulier sur la culture des livres et la toile d’araignée virtuelle à l’aune du XXIe siècle.
Afin, par précaution, de conserver un fil rouge à défaut de celui d’Ariane, il me semble opportun de préciser qu’une toile d’araignée virtuelle n’est pas uniquement composée d’une réalité qui n’aurait pas d’existence physique en dehors de celle que nous percevons par nos cinq sens et que notre cerveau interprète comme étant des réalités intangibles en ce que notre intellect et nos émotions sont des sens supplémentaires qui sont tout autant réels que les cinq principaux que la plupart d’entre nous utilisons quotidiennement. Elle est un lieu de rendez-vous, de rencontre, de réunion, de rassemblement et de vie (en particulier pour les hikikomoris) à l’instar de l’imaginarium des livres qui ne sont jamais autre chose que des lieux cérébraux et uniquement composés de celui de leur auteur et de chaque lecteur, donc isolés et profondément différents.
La liseuse électronique est un avatar à mi-chemin entre le livre en papier et la toile d’araignée virtuelle en ce qu’il est indispensable de la relier à cette dernière pour télécharger de la matière à lire. Cet objet hybride ne sera donc pas intégré dans cet article en ce qu’il n’est qu’une ignominie sans nom et qu’il sera toujours préférable de l’envoyer en direction de l’étoile de notre système solaire, sinon dans un centre de recyclage afin de se persuader que l’on contribuera à sauver la planète avec ce geste inutile après avoir virtuellement gaspillé de l’argent réel avec sa carte bancaire.
Afin de terminer cette préparation d’article, qui vient malgré tout de commencer, quelques mots sur le livre en papier qui est un imaginarium modelable en milliards de combinaisons différentes, en ce qu’un lecteur possède le sien et n’est comparable à aucun autre et pas davantage à celui de l’auteur.
Pour en fabriquer la couverture et les pages, on utilise de la fibre de cellulose qui représente entre 85 et 90 % de sa masse et provenant en quasi-totalité d’arbres en bois ou de bois d’arbre composé de fibres de cellulose, le reste étant constitué d’encre, de colle et de matériaux issus du pétrole. Un livre en papier, c’est donc un gros morceau de nature et cela peut également servir à caler un meuble bancal ou à allumer une cheminée en période hivernale afin de se réchauffer pour lire un autre livre qui fera un parfait assommoir pour s’endormir ou endormir n’importe quel intrus en visant la tête avec précision et à une vitesse élevée. L’avantage dans ce dernier cas, est que le livre sera toujours en parfait état de fonctionnement et se montrera toujours très utile en patientant que les forces de l’ordre arrivent dans l’hypothèse où elles ne seront pas elles-mêmes attaquées après une embuscade préméditée par d’autres malfaisants.
Un livre est un morceau de nature et la nature a toujours le dernier mot.
Comme d’innombrables générations qui m’ont précédé, je suis issu de l’une d’elles qui a encore eu la chance d’avoir appris à lire avec des livres en papier, à qui le goût de la lecture et le respect des livres ont également été transmis. Un livre à toujours une longue histoire qui commence toujours quelque part dans une forêt avant de se retrouver en usine de pâte à papier, en librairie, en boîte à livres, dans une bibliothèque, un sac à main, un sac à dos, une valise, une cheminée en hiver pour en assurer le démarrage, sinon en vol en direction de la tête d’un malfaisant qui aurait dû rester chez lui pour lire un livre.

Un livre est un paradoxe. Il peut être très léger, ne pas être encombrant et ne comporter que quelques dizaines de pages et contenir une folle somme de connaissance, tout comme il pourra être plus lourd qu’un pavé de mai 68, être soporifique, sans intérêt et intransportable dans un sac à main de péripatéticienne.
À noter que ce terme désigne une aristotélicienne et une pute en raison qu’Aristote enseignait en marchant et qu’avant l’arrivée de la toile d’araignée virtuelle d’Internet, les putes marchaient également pour trouver des clients.
Est-ce qu’il existe des putes aristotélicienne ? Tout est possible, mais de moins en moins probable en raison que ce sont désormais les aristotéliciens qui marchent pour se rendre chez les travailleuses du sexe qu’ils ont déniché sur la toile d’araignée virtuelle.
Le livre possède également d’autres caractéristiques que la somme de connaissance qu’il contient, de son histoire et de ses pouvoirs cités plus haut. Il possède également la capacité de dégager une odeur particulière au fil des décennies et de produire un bruit unique lors du bruissement des pages qui se tourneront lentement au fil de la lecture. C’est un objet d’art conçu pour le plaisir de la vue, de la découverte, de l’apprentissage, de la transmission, également en guise de décoration raffinée pour les plus beaux et les plus rares d’entre eux.
Concernant son usage, il est difficile de faire plus simple et c’est la raison pour laquelle il n’existe toujours pas de manuel de mise en route et d’utilisation et de guide pour identifier les pannes qui n’existent pas.
Un livre c’est du tangible, du concret, de la matière, il possède une forme, du galbe, des rondeurs, du style alors que la toile d’araignée virtuelle d’Internet ne possède que des signaux électriques contenus dans des câbles ou des ondes électromagnétiques avec à l’extrémité, des complotistes, des terroristes, des fous de Dieu, des pédophiles, des dealers, des putes, des travailleurs en pyjama, des livreurs d’Amazon, les community manager des chaînes de supermarchés, etc. Également des grands-parents, des parents et des enfants, qui, chacun dans leur coin, regardent des vidéos porno pour se masturber et jouir seul dans leur EPAD, leur lit ou dans les toilettes… Également une foultitude de chaînes d’informations en continu et des youtubeurs écolos féministes complotistes gauchistes extrémistes propageant leur inculture et leur inconnaissance à la face du monde de ceux qui ne savent pas faire fonctionner un livre en papier. Mention spéciale pour les platistes qu’il ne faut jamais oublier.
Platiste : individu complotiste qui adhère à la théorie selon laquelle la Terre est plate, et non sphérique comme l’affirme la science moderne.

Si l’imaginarium d’un livre est unique pour chaque utilisateur, c’est parce que chacun l’appréhende avec son intellect, ses émotions et ses souvenirs afin d’en concevoir la psyché, la gestuelle, l’action, l’accoutrement des personnages et le décorum au sein duquel ces derniers évoluent. Le récit se développe progressivement, s’effeuille comme une stripteaseuse et les pages qui se tournent sont autant de vêtements qui sont ôtés. Lorsque la dernière page apparaît, que le dernier paragraphe se profile, que les derniers mots sont absorbés, le spectacle est terminé et le lecteur est prié de quitter l’endroit dans lequel il s’est plongé avec délice, sinon avec abnégation car lorsqu’il s’agit d’Emmanuel Kant, la stripteaseuse, c’est le lecteur et ce sont ses vêtements cérébraux qui sont enlevés couche après couche.
Pour la toile d’araignée virtuelle d’Internet, c’est plus simple, car il suffit de s’installer devant son écran et d’ouvrir sa boîte crânienne afin qu’elle puisse se remplir de fèces, de déchets, de complots, de théories, de haine, de violence et de tout ce que l’humain est capable de concevoir dans la pire crasse au milieu de laquelle il prend plaisir à jouir quotidiennement. Également des victimes des pervers narcissiques manipulateurs qui geignent publiquement, des wikipédistes professionnels, des chatons tout mignons et des bébés qui rient, etc.
Ayant la chance de prendre le train plusieurs fois par semaine avec le genre humain, j’ai ainsi la chance de pouvoir lorgner sur l’écran de ces voisins pour observer ce qu’ils regardent avec avidité sur leur écran de smartphone. Dans le meilleur des cas, une série Netflix, un Japanim, mais le plus souvent, de la dermite au point qu’ils passent plus de temps à scroller qu’à s’intéresser aux contenus qu’ils ne quitteraient du regard pour rien au monde. Concernant les lecteurs de livres en papier, je les cherche et je m’afflige de n’en voir que très rarement, mais toujours avec le plaisir de constater que toutes les générations sont encore représentées, avec toutefois une majorité féminine.

Aparté indispensable.
Un livre audio, ce n’est pas un livre, c’est un monologue de lecteur.
Prérequis pour ce job qui sera très prochainement et définitivement remplacé par l’IA : Savoir lire.

Prendre le temps de choisir un livre, de le transporter, de l’ouvrir et d’en parcourir les pages, ce n’est pas un acte de militantisme anti-écologiste d’intellectuel radical conservateur, c’est un art de vivre, c’est accepter de se confronter durant plusieurs heures, plusieurs jours, plusieurs semaines à des idées, une pensée, un apprentissage, à l’inconnu, car un livre que l’on commence, on le termine, même si c’est difficile, pénible et ennuyeux. Ma petite bibliothèque compte à ce jour 519 livres en attente de lecture et zéro livres lus, car un livre lu conservé dans une bibliothèque, cela revient à vouloir briller comme une étoile morte en société devant ses amis ou le plombier venu réparer une fuite, alors que tout le monde s’en fout et le plombier plus que tous les autres. Avec en moyenne un à deux livres par semaine, j’ai quelques années de lecture devant moi et il va falloir que je me décide à ne plus en acquérir de nouveaux, si je veux pouvoir lire l’intégralité de mes ouvrages. Un choix cornélien à venir, car avoir le choix d’un livre entre plusieurs centaines de titres et tout autant de style est un plaisir cérébral tout aussi jouissif que de choisir un camembert dans la zone camembériste d’un supermarché qui me propose 25 mètres de rayonnage de camembert différent d’une hauteur manifestement déraisonnable pour un enfant de trois ans portant des chaussures à talonnettes.

À l’aune du XXIe siècle et de l’IA qui repousse quotidiennement, de plus en plus rapidement les frontières du progrès technologiques dans tous les domaines imaginables, le livre en papier est un archaïsme médiéval qui se maintient encore malgré tout, mais est également le symbole d’une fracture entre les amateurs de cette incongruité du XVe siècle et les épicuriens carpe diemistes, les décérébrés, les dégénérés, et autres incultes drogués à leur univers virtuel décomposé en un nombre potentiellement illimité de communautés, en ce qu’un internaute peut virtuellement vivre dans plusieurs d’entre elles et en être un membre à part entière tant il se fragmente en autant de personnalité différentes tout aussi contradictoire.
La génération Z (1990-2010) étant précisément celle qui à grandit avec Internet, c’est également la plus dégénérée et la plus inculte de toutes tant ses contradictions sont sans fin. La suivante est la génération Alpha (à partir de 2010) et qui signera le protocole d’accord avec elle-même concernant le début de la fin de l’humanité.

Intervalle de temps entre l’écriture sumérienne et le premier livre de Gutenberg : environ 5000 ans.
Intervalle de temps entre l’internet moderne et le début de la chute de la lecture : 15 ans.
Au XVe siècle, la modernité ouvrait la voie au partage de la connaissance.
Au XXIe siècle, la modernité virtuelle se conjugue merveilleusement avec l’obscurantisme et l’ignorance qui a précédé l’invention de Gutenberg.
À l’ère des premiers pas de l’internet moderne, l’utopie numérique était vantée avec un partage illimité du savoir et de la connaissance
À l’ère de l’apocalypse cognitive de l’humanité, il ne restera lors de la prochaine extinction de masse, que des bibliothèques de livres intacts dont plus personne ne saura se servir en raison qu’il n’y aura plus d’humains sur Terre.

Une lettre ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.

Purge
Sohi OKSSANEN
Édition Stock
Dépôt légal : septembre 2010
Fin de la page 287 et début de la page suivante
La voiture bringuebala sur la route du village, passa le billot qui bornait la frontière et arriva en Estonie. La main de Labrenti se reposa sur la cuisse de Zara e soudain elle ressentit le puissant désir de s’envelopper dans le giron de Lavrenti et de dormir. Zara avait tellement de dettes qu’elle n’arrivait même plus à compter. Un jour.
La nuit précédente, Lavrenti avait promis que, si Pacha montait un business de casino, Zara pourrait y travailler et qu’elle gagnerait infiniment plus. Elle pourrait tout rembourser.
Un jour.
Lu et déposé dans une boite à livre le 24 juillet 2025

Le Docteur Jivago
Boris PASTERNAK
Édition le livre de poche
Dépôt légal : n°6786, 3e trimestre 1967
Page 11
Ils allaient, ils allaient toujours et lorsque cessait le chant funèbre, on croyait entendre, continuant sur leur lacée, chanter les jambes, les chevaux et le souffle du vent.

Une lettre ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.

Le seul traitement efficace qui est officiellement reconnu par les autistes pour se protéger de la pandémie mondiale de normalité est l’isolement social.

La quadrature de l’évolution cognitive du genre humain

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