Dimanche 13 octobre 2024
Une longue semaine vient de s’écouler avec quelques événements d’importance. Relatifs à l’égard de la situation du monde, mais pour un amateur d’art, collectionneur, féru d’antiquités ayant à cœur de conserver un patrimoine et un savoir-faire, l’importance acquisitionnelle n’est jamais à sous-estimer.
Comme tu peux t’en douter, je ne peux dévoiler ni photographie, ni description, ni valeur, mais cela ne sera que d’autant plus agréable lorsque tu embrasseras l’ensemble du regard.
Il m’est d’ailleurs venu en idée, pas nouvelle, mais qui a refait surface, que tu ne pourrais peut-être ne pas, dans un avenir plus ou moins proche, naviguer numériquement jusqu’ici et qu’il convenait de te chercher, sinon ailleurs, au moins là où tu aurais une chance, même infime, d’être présente.
Je conviens aisément que le monde est vaste, le continent presque autant et que le pays ne l’est pas moins lorsqu’il s’agit de rencontrer une Minerve, mais ce n’est pas sur les plateformes de réseaux sociaux que nous avons des chances de nous rencontrer car j’en suis trop peu adepte.
Tout comme j’étends toujours mon réseau de fournisseurs d’acquisitions et que je rencontre régulièrement des collectionneurs d’art et d’antiquités en étant là où j’ai le plus de chances de les rencontrer ; nous échangeons nos coordonnées, nous restons en contact, nous nouons des liens, parfois, l’un se veut trop gourmand et se retrouve exclu, mais bon an mal an, le réseau reste positif dans l’ensemble. Adopter une technique similaire pour provoquer notre rencontre implique d’avoir une idée des cercles que tu es susceptible de fréquenter et c’est sur ce point qu’il faut que je me penche, sinon m’en remettre au hasard de la vie en le provoquant régulièrement et c’est là que je me retrouve à trébucher et à rester sur place en ne prenant pas de décision.
En résumé, je m’y prends n’importe comment pour te rencontrer, et pour l’instant, le résultat est catastrophique.
En attendant de démêler cet embrouillaminis et choisir de me concentrer sur ta recherche plutôt que mes acquisitions, je partage avec toi un extrait de passage d’un livre que j’ai terminé voilà quelques semaines. Mais que je n’ai pas conservé.
L’aliéniste
Caleb CARR
En bas de la page 180 et au début de la page suivante.
Mary et moi nous préparions à des remontrances quand nous entrâmes dans le jardinet, et nous fûmes tous deux surpris de voir apparaître un sourire sincère sur les lèvres de Kreizler. Il tira sa montre de son gousset, regarda l’heure et nous lança d’un ton enjoué :
– Vous devez avoir passé une bon après-midi ! Mary, Mr Moore fait-il un compagnon satisfaisant ?
Elle sourit, acquiesça de la tête et se hâta vers la porte d’entrée.
Elle s’arrêta sur le seuil, se retourna, et après avoir ôté le chapeau noir, murmura « Merci » avec un autre sourire et juste une trace infime de bégaiement.
Cette lettre dominicale peut paraître décousue, assemblée à la hâte, mais il est des jours durant lesquels mes idées sont tellement entremêlées que je saute de l’une à l’autre sans avoir la possibilité de me concentrer sur l’une en particulier.
Ferais-je mieux dimanche prochain ?…
Alors que je n’avais pas encore posté cette lettre à ton intention, occupé que j’étais à terminer un ouvrage sur Duke Ellington, une chanson est passée sur ma playlist. Une chanson magnifique que j’ai eu envie de partager… Avec toi. Que j’ai déjà partagé avec toi, mais qui me semblait appropriée ce soir pour me rattraper de cette missive qui n’est pas à la hauteur que tu es en droit d’attendre et moi en devoir de t’adresser…
Avec mes excuses et non pour me faire pardonner cet impair littéraire, je t’adresse toutefois de nouveau cette chanson…