Billet de blog 21 janv. 2016

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DAVOS. 21 Janvier 2016 : l'industrie pharmaceutique lance un appel à la lutte contre la pharmacorésistance

DAVOS: Plus de 80 entreprises de la pharmacie en appellent aux gouvernements à collaborer pour lutter contre la pharmaco-résistance, et notamment la menace que représente la résistance aux antibiotiques. Ci dessous communiqué de presse de AMR Review à Londres (traduite en français)

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L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE MONDIALE LANCE UN APPEL AUX GOUVERNEMENTS POUR TRAVAILLER DE CONCERT AFIN DE GAGNER FACE A LA MENACE CROISSANTE DE LA PHARMACORESISTANCE

Plus de 80 sociétés, leaders internationaux dans les domaines de la pharmacie, des génériques, des diagnostics et de la biotechnologie, ainsi que des associations clef du secteur privé, se sont réunies pour lancer un appel aux gouvernements et aux industriels afin qu'ils oeuvrent en parallèle dans le combat mondial face aux infections résistantes aux médicaments - ce qu'on appelle des «supermicrobes» - avec une déclaration commune lancée aujourd'hui au Forum économique mondial de Davos, en Suisse. La Déclaration énonce, pour la première fois, comment les gouvernements et l'industrie doivent travailler ensemble pour soutenir l'investissement durable dans les nouveaux produits nécessaires pour vaincre le défi que pose la hausse de la pharmacorésistance.

La Déclaration sur le combat contre la résistance aux antimicrobiens - rédigée et signée par 85 entreprises et huit associations de l'industrie provenant de 16 pays - représente une étape majeure dans la réponse mondiale à ces défis, avec, pour la toute première fois, un accord entre les entreprises de l’industrie pharmaceutique et celles du diagnostic portant sur un ensemble de principes communs pour une action mondiale afin de soutenir la préservation des antibiotiques et le développement de nouveaux médicaments, outils de diagnostics et vaccins. L'industrie en appelle aux gouvernements du monde entier à aller maintenant au-delà des déclarations d'intention actuelles et à prendre des mesures concrètes, en collaboration avec les entreprises, afin de soutenir les investissements dans le développement des antibiotiques, des diagnostics, des vaccins, et d'autres produits essentiels pour la prévention et le traitement des infections résistantes aux médicaments.

En particulier, la Déclaration soutient la poursuite des efforts pour mieux préserver les antibiotiques, y compris un appel pour une meilleure intégration des outils de diagnostics rapides sur le lieu du soin, pour améliorer la prescription des antibiotiques, et mettre terme aux structures d'incitation, au sein des systèmes de santé, qui récompensent médecins, pharmaciens et vétérinaires quand ils prescrivent de plus gros volumes d'antibiotiques.

La commission indépendante sur la pharmaco-resistance (Reviewon Antimicrobial Resistancewww.amr-review.org) reconnaît là une étape remarquable pour l'industrie, en effet les entreprises signataires proposent aux gouvernements de travailler de concert afin de développer de nouvelles structures commerciales pour encourager le développement de nouveaux antibiotiques et outils de diagnostics rapides, qui doivent rendre plus fiables et plus durables les revenus issus de la vente d’antibiotique, tout en assurant une utilisation prudente de ces médicaments pour éviter ou retarder l’émergence de nouvelles bactéries résistantes aux antibiotiques. Les entreprises signataires appellent également les gouvernements à engager les fonds nécessaires pour mettre en œuvre ces réformes visant à développer de nouveaux modèles économiques plus adaptés au développement et à la commercialisation de produits antibiotiques. Ces mécanismes sont nécessaires pour fournir des incitations appropriées (couplées avec des garanties pour soutenir la préservation des antibiotiques) aux entreprises afin qu'elles investissent dans la recherche-développement (R & D) pour relever les défis scientifiques et techniques redoutables de la découverte d'antibiotiques et leur développement. Ceux-ci comprennent des mécanismes pour veiller à ce que, le cas échéant, le prix des antibiotiques reflète plus adéquatement les avantages qu'ils apportent; et de nouveaux modèles de paiement qui réduisent le lien entre la rentabilité d'un antibiotique et le volume vendu. Une partie intégrante de ces modèles est un besoin réduit pour les activités promotionnelles par les entreprises.

En même temps qu'elle appelle à la poursuite de la progression des gouvernements sur ces fronts là, la Déclaration énonce un engagement de la part des signataires à poursuivre leur action sur la résistance aux médicaments, et la Review on AMR les félicite à cet égard. Ces propositions couvrent trois grands domaines:

  • Réduire le développement de la résistance aux médicaments. Les entreprises s'engagent à encourager une utilisation plus efficace et plus appropriée des antibiotiques existants ou futurs, y compris par un travail qui soutienne les principes de bon usage des antibiotiques énoncé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le Plan d'action mondial sur la lutte contre la résistance aux antimicrobiens (la RAM), et également grâce à une meilleure éducation des cliniciens. Ce soutien va jusqu'à promouvoir une utilisation plus judicieuse des antibiotiques dans le bétail, dans le cadre d'une approche dénomée «Une Seule Santé».

  • Augmenter les investissements dans une R & D qui réponde aux besoins mondiaux en santé publique. Reconnaissant la nécessité d'accroître la recherche de nouveaux antibiotiques, de nouveaux outils de diagnostic, de vaccins et d'autres alternatives aux traitements, les entreprises s'engagent à continuer et à étendre les initiatives engageant une collaboration entre l'industrie, les universités et les organismes publics afin d'améliorer la conduite de la R & D dans ce domaine et d'offrir davantage de possibilités afin de surmonter les barrières scientifiques à la découverte d'antibiotiques.

  • Améliorer l'accès aux antibiotiques de haute qualité pour tous. À la lumière des lacunes qui subsistent dans l'accès global à nos antibiotiques existants et aux vaccins, et l'importance de veiller à ce que les nouvelles générations de produits soient disponibles à tous ceux qui en ont besoin, les signataires s'engagent à des initiatives de soutien visant à assurer un accès abordable aux antibiotiques pour toutes les régions du monde, et pour tous les niveaux de revenus.

En réunissant un tel éventail d'entreprises, d'une manière sans précédent, la Déclaration fournit une feuille de route utile pour guider d'autres efforts de collaboration entre l'industrie, les gouvernements et les ONG dans la riposte mondiale contre la résistance aux antimicrobiens. La Review on AMR continuera de travailler et de faire progresser cet effort, avec une série d'étapes clés internationales en 2016 - y compris des discussions à venir sur la RAM à l'Assemblée générale des Nations Unies et dans le cadre du programme du G20 en Chine à l'automne - et à l'appui de progrès en rapport avec le Plan d'action mondial de lutte contre la RAM de l'OMS.

La Déclaration sera mise à jour tous les deux ans, afin de tenir compte de l'évolution dynamique de la carte mondiale de la RAM et de l'évolution des défis et des priorités en conséquences. La Déclaration restera ouverte et à même d'accepter de nouvelles entreprises et organismes signataires à tout moment, avec une liste complète et mise à jour sur le site Web de la AMR Review, www.amrreview.org/industry-declarationwww.amr-review.org/industry-declaration

Annonce faite par AMR Review - Le groupe établi par David Cameron en Angleterre.

Notre Commentaire : En lisant la déclaration de Davos dans le détail, on identifiera les points suivants:

- appel aux gouvernements pour un financement du public vers la R&D privée, pour de nouveaux médicaments mais aussi des outils de diagnostic. Le nouveau plan AMR de l'OMS inclue l'effort mondial pour que les pays en développement aient accès à des plateformes équipées de nouveaux outils de diagnostic sur le lieu du soin. Demande d'augmentation des prix sur les nouveaux produits. Demande de remboursements plus conséquents des diagnostics de laboratoire pour les patients (par exemple, vérifier qu'une maladie et bien bactérienne et non virale, ou bien, en cas de maladie bacterienne, vérifier la sensibilité du microbe à l'antibiotique proposé, comme c'est le cas pour la tuberculose. Recommandation de collaborer pour diminuer le volume des prescriptions inutiles.

- reconnaissance de l'intérêt pour des solutions de 'découplage' entre la rémunération de la R&D et le volume des ventes sur le marché (voir récemment le groupe de Kevin Outterson, Chatham House; ou la Directrice générale adjointe à l'OMS dans le livre "AMR Control 2015" (en anglais) : Intergouvernmental Consortium for new antibiotics. 

Dans le plan pour la France sur la résistance aux antibiotiques, voir le rapport pour la Ministre Marisol Touraine fait sous la direction du Docteur Jean Carlet (par ailleurs Président de l'Association ACdeBMR et Rédacteur en Chef d'une publication annuelle sur la résistance, AMR Control)

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