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Voilà. Vous êtes faits comme des rats ! Tous les étés, ça recommence : la faute au front populaire (salauds de socialistes) ou à la fatalité (foutu destin, nom de dieu). Aussi inéluctablement que le lycanthrope se transforme en bête féroce les nuits de pleine lune, l'individu lambda, le pékin moyen, le gars normal, la frangine, le voisin, vous et moi quoi !, se métamorphosent quand la température s'élève sous le soleil exactement. Ça commence par les nougats : sous les arpions à l'air pousse la molle semelle en mousse des tongs, puis ça vous prend les guibolles et le popotin : apparition du bermuda fleuri, du boxer moule-burnes, des fesses de la voisine débordant du bikini, du paréo qui glisse, le mal grimpe jusqu'à la caboche sur laquelle vient se visser la terrible casquette américaine par-dessus les lunettes aux verres fumés, toute votre peau se couvre d'huile poisseuse et odorante... à l'heure de l'apéro vous choisissez le pastis et ses cacahuètes ; on ne vous reconnaît plus. Vous êtes devenus, pour trois semaines de congés payés, des touristes.
Ah, non ! Pas nous ! hurlez-vous, horrifiés (et vexés)! Les touristes, c'est les autres ! Bien sûr... Mais au fond du fond de l'abîme du miroir de la salle de bain de la chambre d'hôte, un doute vous saisit, parce que vous êtes un mec et une fille bien, athées, de gauche, au grand cœur et vaccinés : et si vous étiez, vous zaussi de ces envahisseurs malpolis, nombrilistes et grillés aux coups de soleil qui font honte à l'humanité ?
Pour en avoir le cœur net et tout savoir sur l'industrie du tourisme qui nous pourrit le monde, vous courez vers le kiosque à journaux, vous résistez à l'appel des photos floues de Pluprès et de Regard'monkusurlaplaj, et vous vous emparez de l'indispensable Zélium numéro 4, spécial tourisme vagabondages et crustacés ! Des enquêtes sur les bonnes affaires de Centerpark, le paradis artificiel qui fait un enfer des vrais paradis ; les moins bonnes affaires, à Noirmoutier, du camping glamour de l'ex-patron taxophobe de Cartier ; la destruction de la montagne-est-belle par les stations de ski en faillite ; les derniers squats d’artistes berlinois avant boboisation de la totalité de la ville ; la mégalo-city des Mulliez ;plus des chroniques mordantes ou le mauvais esprit le plus infect le dispute à la plus odieuse satire, des docu-fictions, la grande carte du tourisme noir, et tout plein de jolis dessins de nanàpoils, de gronichons, de bitenfleurs et plus si affinités : de quoi occuper utilement vos longues après-midis brûlantes sous les platanes rabougris du camping des flots bleus.
Et pour tous les ceusses que le manque de flouze protège efficacement de la tourista et du ridicule, lisez Zélium et mort aux cons !
Zélium, c’est une centaine de bénévoles, dessinateurs, journalistes et chroniqueurs, c’est 4 ans de publications, de festivals et de belles rencontres. Malgré la crise de la presse et la prédominance du modèle numérique, Zélium fait le pari d’une publication satirique imprimée, indépendante et subversive, sans publicité ni actionnaire. Son credo, c’est la rigolade séditieuse, la marrade subversive, c’est la plume explosive et le crayon en pétard.
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SOMMAIRE du numéro > http://www.zelium.info/zelium-n4-special-tourisme