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Juliette Keating

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Les corrompus puent, s'est exclamé François devant des Napolitains à l'air pas très catholiques, sans toutefois se pincer le saint-pif. À humer l'air vicié du Vatican, un jésuite s'habitue aux pires des relents, surtout quand il est en odeur de sainteté médiatique. Tout comme ses sœurs laïques, la banque des papes a palpé, palpe et palpera. Heureusement, pecunia non olet, les pépettes point ne fouettent, affirmait l'inventeur de la pissotière. Le Saint-Père la morale perdrait-il l'esprit sain ? Car on n'encensera jamais assez les bienfaits de la vénalité : à l'église comme à la ville, la corruption, c'est sacré !

Alors que la froide honnêteté obscurcit d'une rigueur suspicieuse les relations humaines, la corruption huile agréablement les affaires des hommes. Il est gracieux de s'arranger entre amis pour truquer l'odieuse compétition des appels d'offres. La transparence des marchés publics met tout sur la table, introduisant une fâcheuse rivalité entre des gens d'honneur qui ont tout pour s'entendre sous la table. Et si les bâtiments publics bâclés par les copains privés s'écroulent, tant mieux : les coûts supplémentaires relancent la machine de l'économie parallèle !

Les esprits sensés savent qu'il est idiot de décrocher une position de pouvoir pour s'exténuer au service de la communauté : le martyre décourage les meilleures volontés. La corruption récompense les valeureux qui ont grimpé les durs échelons hiérarchiques en écrabouillant les autres, par les largesses qu'elle distribue avec une égale libéralité sur les membres de leur famille : boulots, logements, allocations. Les petits avantages mobilisent les vocations de calife à la place du calife! Sans corruption, plus de chefs, et que deviendra-t-on ?

Ayatollahs de l'équité et de la justice, vous voulez que nos élites soient promues pour leurs qualités ! Dieu nous préserve de votre folie. Imaginez que les auteurs, les artistes, les comédiens gagnent leur célébrité et leur fortune par leur talent ! Qu'ils passent plus de temps à travailler sur leur œuvre que dans les cocktails ou chez le coiffeur ! Les télés se videraient de ces philosophes de plateau, scribouillards de tête de gondole, qui font la gloire et les profits du business culturel. Ignorez-vous qu'un bon journaliste se distingue aux ménages lucratifs qui lui sont proposés par ses amis de l'industrie ? C'est sur les estrades des bateaux de croisière qu'on reconnaît le vrai pro, pas sur le terrain obscur et miné de l'info.

Notre très saint-papa s'égarerait-il en dénonçant la corruption ? Non pas. Le pontife promet le pardon de l'église aux maffieux qui retrouvent le droit chemin. L'absolution contre une ou deux prières... et combien de dons pour les bonnes œuvres ?

Pour tout savoir et plus sur la corruption, courez chez votre kiosquier : tout est dans Zélium n°3 !

Au sommaire : http://www.zelium.info/zelium-n3-special-corruption/

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Une de Zélium n°3 © Aurel

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