Billet de blog 6 août 2025

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Au nom de la nature" d'Olivier van Beemen

Dans le but affiché de préserver la nature et notamment la faune africaine, l'ONG African Parks privatise dans les faits 20 millions d'hectares de parcs naturels en y puisant ses propres profits, multipliant les exactions sur les populations locales, le tout avec des financements colossaux issus des hautes instances étatiques.

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Parution du livre Au nom de la nature d'Olivier van Beemen

Après son livre noir sur l'entreprise néerlandaise Heineken quant à sa politique nocive en Afrique aussi bien sur la privatisation des sources d'eau que dans l'exploitation abusive de la main-d'œuvre locale (Heineken en Afrique. Une multinationale décomplexée, 2018), Olivier van Beemen se lance dans une nouvelle investigation à long terme avec une nouvelle pratique explicitement néocolonialiste s'immisçant dans le quotidien de 12 pays du continent africain. En contrats passés avec ces divers États, une concession leur est offerte pour gérer des parcs naturels avec la liberté de réprimer les populations locales suspectées de braconnage afin officiellement de préserver les espèces animales. Avec la politique du crédit-carbone, l'ONG reçoit ainsi de conséquents investissements dont les bénéfices n'ont guère de retombées sur les populations locales qui subissent davantage les exactions des rangers dont des cas de pratiques de torture de leur part ont été à plusieurs reprises révélés, ainsi que des viols.

Le Conseil d'Administration ainsi que les postes de direction font peu de place aux citoyens et citoyens des pays concernés, le tout avec le haut patronnage du prince britannique Harry et la vertu sanctificatrice de la reconnaissance de Leonardo Di Caprio et Taylor Swift pour faire oublier un groupe qui ne se pose aucun cas de conscience à traiter avec les États ne respectant pas les Droits de l'Homme. D'ailleurs, la population locale méprisée est considérée par l'ONG African Parks selon différents témoignages rapportés par Olivier van Beemen dans son ouvrage, comme une menace à la préservation des espèces animales quant elle n'est pas vue comme des enfants indisciplinés à éduquer en matière environnementale.

Issu de plusieurs années d'investigations, cet ouvrage d'Olivier van Beemen apporte une réflexion supplémentaire sur le cynisme néocolonial hypocrite qui se cache derrière l'ONG African Parks. La ténacité du journaliste néerlandais permet ainsi de faire vivre un journalisme qui n'est pas soumis à défendre les intérêts des grandes puissances mais qui préfère questionner au-delà des frontières le respect des droits de l'homme sans discrimination ni hiérarchie dans une dynamique vis-à-vis de la faune et la flore.

Illustration 1

Au nom de la nature. Enquête sur les pratiques néocolonialistes de l’ONG African Parks
d'Olivier van Beemen

Nombre de pages : 296
Format : 155 x 255 mm
Date de sortie (France) : 21 février 2025
Éditeur : Rue de l'échiquier
Collection : Diagonales

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