Les journaux locaux l’avait annoncé deux jours auparavant, Mr. Texte venait de décéder dans sa quatre-vingtième année, il s’était éteint paisiblement après avoir passé une semaine à l’article de la mort. Ses parents l’avaient prénommé Blog. Blog Texte avait été longtemps pigiste dans le journal du département, spécialiste des chiens écrasés, puis correcteur dans une maison d’édition dans la grande ville voisine. Il s’était retiré pour sa retraite dans le bourg qui l’avait vu naître, où il vécut le reste de ses jours avec sa fille Edith, sa seule progéniture, qui n’avait jamais convolé. Sa femme était morte quelques années plus tôt.
Edith avait bien préparé la cérémonie d’enterrement; sur les onze heures la salle était pleine, l’atmosphère très recueillie, les gens se saluaient discrètement en chuchotant. Bien que Blog Texte fut complètement mécréant, le pasteur était quand même venu, suite à l’insistance d’Edith qui, elle, était un peu croyante.
Le cercueil trônait au milieu de la salle recouvert d’un grand drap blanc et entouré de cierges et de bouquets de fleures. Ce fut le maire qui le premier prit la parole. Il était encore jeune et fit un speech de maire, rappelant la générosité de Blog et son intérêt pour la vie locale. Ensuite le pasteur débita quelques bondieuseries suivies d’un passage de la bible, puis entonna un chant religieux que personne ne connaissait à part Melle Lelombec qui l’accompagna avec sa voix de fausset. Puis vint le tour du vieil instituteur, une personnalité du bourg qui allait sur ses quatre-vingt-quinze ans et qui avait enseigné la lecture et l’écriture à presque tout le monde. Il avait connu Blog bien sûr il y avait longtemps sur les bancs de l’école et il parla de cette période avec beaucoup de sensibilité, quelques personnes s’essuyaient discrètement le coin de l’oeil avec leur mouchoir.
Enfin Edith se leva et remercia tout le monde, trop émue pour en dire plus.
Elle sortit la première et se posta a l’entrée pour recevoir les condoléances, glissant à certains “venez chez moi dans une heure, j’ai préparé une petite collation.”
Les Texte avaient une belle maison de moellons avec jardin à l’entrée du bourg. Vue la clémence du temps une grande table avait été dressée dehors, avec boissons et gâteaux. Edith s’installa dans un fauteuil et chacun vint s’asseoir à côté d’elle pour dire combien ils avaient aimé son père. A chacun elle répondait doucement en remerciant de tant de gentillesse qui l’aiderait à commencer à faire son deuil.
Au bout d’une heure l’atmosphère était plus détendue, quelqu’un avait mis de la musique disant que s’était le morceau préféré de Blog, les un faisaient des commentaires sur la cérémonie, d’autre sur Texte, et Edith tâchait de suivre le fil des commentaires en répondant parfois d’un mot gentil.
L’après midi touchait à sa fin, chacun repartit en assurant Edith de son soutien.
On parlerait de Blog encore quelques jours, puis on l’enterrerait pour de bon...