En Ardèche, l'octroi de permis autorisant la recherche de gaz de schiste secoue le pays.
« Une véritable jacquerie » écrit un journaliste ; révolté par l'octroi, sans aucune concertation, de permis de recherche de gaz ou d'huile de schiste, tout un pays se lève pour affirmer son refus . Ecoutez ici la chanson du refus, écrite et chantée par Hélène Deschamps "On vous le dira".
Car voilà : les hydrocarbures ne se trouvent plus concentrés dans des poches, ils sont disséminés beaucoup plus profond dans des couches rocheuses horizontales constituées de petites alvéoles imperméables enfermant le précieux gaz et qu'il faut briser ( fracturer ) à fin de récupération .
La France a des gisements très prometteurs et plusieurs permis ont été accordés dans la région Causses -Cévennes . L'intérêt financier évident rejoint deux grands objectifs politiques : indépendance énergétique et diminution des gaz à effet de serre, le gaz étant le moins carboné des énergies fossiles .
Mais la technique utilisée pose problème ; pour fracturer la roche, il faut forer jusqu'à 3000 m puis poursuivre à l'horizontale sur 1500m, injecter sous très haute pression de l'eau en grande quantité, du sable, de nombreux produits chimiques dont certains dangereux ; et ce sont des compagnies américaines qui maîtrisent le procédé . Les industriels n'ont pas cru nécessaire d'informer les populations et leurs élus ; leur technique, protégée par le secret commercial, reste opaque ; ils n'apprécient pas que l'on résiste à leur projet ; n'ont-ils pas déposé un recours au tribunal administratif contre une quarantaine de maires qui ont eu le « culot » d'interdire les forages sur leur territoire ?
La loi du 13 juillet 2011, très floue, permet toutes les interprétations et rend possible de nouvelles manoeuvres pour gagner du temps ; des informations, chaque jour plus menaçantes, font craindre un véritable désastre pour nos pays ; les politiques locales de développement engagées depuis des années ( viticulture, tourisme ...) sont méprisées . A la destruction des paysages s'ajoute la pollution des sols et sous-sols ; des études signalent des atteintes à la santé à cause des produits chimiques utilisés ; enfin, comment ne pas déplorer que l'exploitation de ces ultimes traces d'hydrocarbure aux coûts environnementaux exorbitants, ne fait que repousser encore une fois un grand débat public sur l'avenir énergétique ?
Toutes ces raisons alimentent une mobilisation qui s'amplifie depuis le début de l'année 2011 ; 17 000 personnes se sont rassemblées à Villeneuve de Berg en Ardèche méridionale ; plus de cent collectifs locaux organisent des débats, des manifestations originales, des fêtes .
Face à ce déni démocratique, cette absurdité écologique, tous nos villages réunis crient :
« No Gazaran »
PS : Depuis la rédaction de cet article, la situation a évolué ; les recours devant les juridictions administratives ont été retirés et 3 permis sur cette région où la contestation a été très forte, ont été abrogés ; cette victoire, partielle, ne remet aucunement en cause la poursuite de la recherche ailleurs : plus de 60 permis en France , sans aucun débat national sur la politique énergétique !
Noël Karsenty
Sur le sujet est à voir un film de 10 minutes de Karine Music et Laurent Cassassolles à l'adresse :