La vague l’a cueillie
Les missiles ont coulé dans ses veines si brutalement
Elle s’en est endormie
Uppercut
Coup dans le foie en une fois
Les scuds se sont disséminés jusqu’au plus profond d’elle
Ils commencent leur travail destructeur
Ils détruiront cellules cancéreuses et cellules saines
Pas le temps de faire le tri
La vague l’a cueillie
Elle surfe dans le tunnel
Autour d’elle c’est liquide, brutal, violent
Nausées, malaises, contractions musculaires, fatigue, lourdeur, hauts le coeur
Elle surfe elle surfe
Elle pensait que le cancer serait une affaire de solide
La masse solide a été enlevée
Non en fait cela relève de la mécanique des fluides
Poisons, venins, perfusions, poches de liquides transparents dont elle ne sait rien
Le tunnel la presse de toutes parts
Elle voit le jour droit devant elle
S’approche, elle veut sortir
Mais la gigantesque muraille d’eau se rapproche, la broie, l’écrase
Elle enroule sa tête et se fraie un passage
Tenir, tenir
Elle est comme l’enfant qui veut naître
La vague l’a cueillie
Parfois il y a une pause
Elle flotte, la vague lui laisse quelque répit
Elle se rassemble
Elle part marcher dans la campagne, son bâton à la main
Elle a mille ans
Les jambes en flanelle
S’accrocher à la beauté des nuages, se laisser frôler par un héron blanc
Et ça repart, c’est comme à la foire, les grand huit qui vous soulèvent les côtes
Elle tente de manger, fait le détail des maigres calories qu’elle a engrangées, dînette après dînette
Elle ne veut pas maigrir, elle ne veut pas plonger
Elle sait que si elle prend du retard la vague va la broyer
Le tub l’écume, l’enroule, l’éreinte, mortelle étreinte
Elle chancelle
Elle doit sortir de ce tunnel
Même flanelle, même sans ailes
Au bout, le vent l’attend