Le grand problème du cancer, c’est le diagnostic. T’es chamboulé des entrailles, tu es fatigué, tu sens une gêne sous un bras, tu vas, dans l’ordre, prendre un pansement digestif, de la vitamine C et penser que tu as un lipome. Tu ne vas pas chez le médecin, surtout pas ! dès fois qu’il te trouve quelque chose ! Tu attends et continues d’absorber tes poudres de perlinpatacoufin. Et puis un jour, quand même, tu as quelques heures de libre et tu te diriges vers un dispensaire, un centre de check-up ou chez ton toubib. Et là soudain, batterie d’examens, prélèvements, biopsies, IRM, scanners, tout l’toutim, de bidules et de machins, fais péter la CRAM, tu attends d’interminables semaines, environ 100 000 ans car l’attente s’étire, et ton médecin te dit :
« Bon là, euh comment dire ? Va falloir prendre des mesures, vous faites quoi le mois prochain ?
- Un nouveau job, je me marie, faire un enfant, repeindre la maison, aller aux Marquises
- Tout va très mal Madame la marquise, vous n’irez pas aux Marquises car vous avez un c…( au début, tu n’oses même pas dire le mot, l’écrire, le murmurer, cela ne se peut pas, cela ne se peut tout simplement pas) et il faut vous opérer au plus vite je rédige la lettre pour le chirurgien j’appellerai moi-même pour avoir un rendez-vous on gagnera du temps «
Gagner du temps ? Mais sur quoi ? T’es malade et tu vas crever. Ah si j’avais su. La fatigue. La boule. Les entrailles.
Tu ressors du cabinet du médecin et croyant en sortir , en fait tu atterris dans les toilettes, te trompant de porte, tu te regardes dans le miroir et tu vois la maladie sous ta peau, tu vois les bras hideux, les boules, les amalgames de cellules qui font leur maline et t’envahissent peu à peu, s’infiltrent, gagnent du terrain, dessinent des trous noirs et des comètes asphyxiantes, et que sûrement ce soir c’est fini tu meurs dans d’horribles souffrances et que dans deux jours sur le faire part, de décès, il sera écrit la dame du bois-joli s’est éteinte après une longue et cruelle maladie
Pourquoi le cancer est-il si mal diagnostiqué ?
La mammographie , tous les deux ans, laisse passer des tonnes de cancers du sein, car l’échographie est rarement pratiquée, pour raisons de coût, par les radiologues, les boeufs ! qui même en présence de seins denses et cristallisés ( ce qui m’est arrivé) ne te la font pas, les ploucs
Pourquoi attendons-nous si longtemps avant de consulter ? Pourquoi les femmes ne vont pas faire tous les 3 ans un frottis vaginal qui permet de détecter les cancers de l’utérus et du col de l’utérus ? Pourquoi les hommes ne veulent-ils pas se faire toucher le rectum pour détecter le cancer de la prostate ? Pourquoi les fumeurs ignorent une sale toux et une voix de plus en plus rauque et continuent de cloper comme des dératés avant de s’en inquiéter? Pourquoi pensons-nous qu’avoir le teint jaunâtre est normal et que nous n’avons pas de problème insidieux au foie ? Pourquoi ces légers saignements en urinant ne nous font pas nous précipiter pour un examen médical ? Pourquoi cette acidité permanente dans l’estomac qui s’accentue et que les pansements gastriques ne masquent plus ? Pourquoi pensons-nous que c’est habituel d’avoir des hémorroïdes qui saignent souvent sans explorer les intestins et le rectum ? Pourquoi ces vertiges et ces éblouissements ne nous font pas aller faire un fonds de l’œil ?
Pourquoi attendons-nous le dernier ou l’avant dernier moment ?
Nous attendons le dernier ou l’avant dernier moment car nous sommes êtres insouciants et nous nous voulons éternels. Le cancer, c’est pas pour moi, c’est pour les autres, car moi, je fais vachement gaffe à ce que je mange, à ce que je bois, ça ne m’arrivera jamais, jamais jamais, il f’rait beau voir
Il fait beau voir. 1 000 nouveaux cas de cancer par jour (chiffre de 2011). Oui, par jour, tu as bien lu.
Certains, hélas aussi, attendent car ils n’ont pas accès aux soins, n’ont pas de mutuelle, vivent dans la rue, fouillent les poubelles pour se nourrir, étalent leurs cartons pour dormir le soir, ceux-là, les exclus de notre société d’abondance, ne savent pas que l’on peut faire attention à soi, ne savent pas comment se soigner si quelqu’un ne les prend pas par la main.
Et quand le diag’ est fait, va te faire soigner dans des centres d’oncologie compétents, dans lesquels les protocoles sont sérieux. Evite les médecins de pacotille qui tâtonnent autant que toi dans ta maladie. Et rappelle-toi que l’on peut guérir d’un cancer ou se trouver dans une rémission supportable.
Certains aussi, les plus malchanceux, ne vont pas consulter car ils n’ont aucun symptôme. Saint-Ptôme, priez pour nous !
Gai-Rire