Damien Glez

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Carnets burkinabè

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Billet de blog 12 mars 2009

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Miss Poog-Bédré, le poids de l’authenticité

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Certains Burkinabè ont le réflexe de singer la France qui les a colonisés ou l’Amérique latine qui les abreuve de programmes télévisuels. A Ouagadougou, on aime baptiser un cosmétique «Marimar», du nom d’une héroïne de telenovela brésilienne. On introduit dans un festival de cinéma populaire un “tapis rouge” pour ressembler à Cannes. Si un footballeur se révèle efficace, on l’affuble d’un surnom emprunté au patronyme d’une ancienne star internationale…
Le phénomène n’est pas seulement burkinabè. Si le joueur de foot du Faso Kassoum Ouédraogo est connu sous le nom de «Zico», le Ghanéen Abédi Ayew est communément appelé «Pelé». Sur le même principe, les affiches d’une star congolaise programmée au Zénith de Paris le 13 octobre 2007 annonçaient «Koffi Olomidé Sarkozy & Les Mineurs». Eviter d’y voir un trait d’humour…
Le phénomène des reines de beauté n’échappe pas à la règle. Ce n’est pas toujours le moins kitsch que l’Afrique copie. C’est au tout début des années 90 que l’homme de radio Moustapha Laabli Thiombiano lançait l’élection de Miss Burkina. La 16e édition s’est tenue le 25 octobre dernier. Et la manifestation a fait des émules : «Miss université», «Miss Salon international de l’artisanat», «Miss Burkina diaspora de Côte d’Ivoire», «Miss junior intelligence», «Miss Malaïka»…
Les grincheux indiquent –non sans justesse– que défiler en maillot de bain est contradictoire avec la pruderie sahélienne. Ils ajoutent –avec pertinence– que les canons de beauté burkinabè n’ont rien à voir avec les silhouettes filiformes de ces miss “européanisées”. Quel Ouest-africain épouserait une femme “efflanquée” qui attirerait sur lui cette désobligeante –et vaguement machiste- rumeur: «Cet homme-là ne nourrit pas bien sa femme» ?
Heureusement, il reste un espoir d’authenticité dans cet océan de “contrefaçon”: l’élection Miss Poog-bedré dont la sixième édition s’est déroulée le 31 janvier dernier. Cette manifestation initiée par Joséphine Fatou Djiguimdé sacre la plus belle des femmes à forte corpulence. Critère de présélection : peser au moins 90 kilos. La nouvelle Miss Poog-bedré s’appelle Oumou Koné. La reine des femmes fortes est âgée de 35 ans et mesure 1,75m pour 123 kg. Comme l’indique un logotype sur l’écharpe de l’heureuse élue, la manifestation est sponsorisée par une marque de… cube alimentaire. Le poids, ça se travaille…

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Miss Poog-Bédré © Glez

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