Un élève de quatrième du lycée Newton-Descartes de Ouagadougou a été tué ce lundi 16 mars par un camarade de classe. Réplique de Winnenden, cinq jours après la fusillade allemande? Mimétisme d’un Burkinabè abreuvé de news européennes? Imitation de séries télé comme «24 heures Chrono» qui fascinent –aussi– la jeunesse burkinabè?

Lundi. Martial Soubeiga, 17 ans, se présente au lycée peu avant 7 heures, une arme à feu 7,65mm dans son sac d’écolier. Avant l’arrivée du professeur, il sort le pistolet et le manie pour impressionner ses camarades. Un coup de feu éclate. Corneille Tapsoba, 19 ans, s’effondre au fond de la classe. Pompiers. Gendarmerie. Atteinte au foie, la victime décède, vers 13 heures, au Centre hospitalier national Yalgado Ouédraogo.
Drame inédit au Burkina Faso où l’insécurité n’en est qu’à ses prémices, comparativement aux pays côtiers ou au Nigeria. Tragédie qui n’aurait rien de commun avec la tuerie d’outre-Méditerranée. Le tir serait un «accident». Accident qui trouve pourtant une source prévisible dans la propagation des armes au Burkina. Depuis 2001, la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères (CNLPAL) tente de veiller à la mise en œuvre du moratoire de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) sur l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères et de petit calibre. L’Etat d’exception et ses CDR (Comités de défense de la Révolution) avaient favorisé, dans les années 80, la circulation d’armes. La rébellion ivoirienne, apparue en 2002, aurait prolongé, dans ses bases arrière burkinabè, la macabre dissémination.
Mais le plus troublant n’est-il pas que le père de Martial Soubeiga, douanier à la retraite, soit parti en voyage en laissant son arme dans un pli du canapé familial?