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Carnets d'Europe

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Billet de blog 3 novembre 2011

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L'Europe, question centrale de la prochaine présidentielle...s'ils en ont le courage...

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La crise qui agite le monde et l'Europe depuis 2008 est un événement crucial de la compréhension de notre époque. Cette crise revêt également un intérêt tout particulier pour nous Européens : elle met en relief l'incroyable pusillanimité intellectuelle de nos dirigeants et de cette génération de politiciens cinquantenaires et plus "à la petite semaine"...

Depuis l'instauration de l'Euro, ses artisans et ses partisans n'ont eu de cesse de rappeler que la monnaie unique ne pouvait fonctionner qu'avec la mise en place d'un budget commun et d'une fiscalité commune...Avons-nous eu des tentatives sérieuses pour en arriver là depuis 12 ans ? NON.

Au lieu de cela, on est allé nous construire un traité constitutionnel en 440 et quelques articles, complètement illisibles y compris pour nos dirigeants. Résultat en 2005 : les Français ont clairement rejeté la chose.

Et pourtant, il faudra bien un sursaut intellectuel majeur pour arriver à surmonter cette crise. Ce sursaut intellectuel doit s'accompagner d'un courage politique essentiel : dire clairement que la voie actuellement empruntée mène à des rafistolages qui camouflent les lézardes de la construction de la monnaie unique. Il se passera certainement moins d'un an avant que ce ne soit le tour de la France.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'Europe fédérale sans jamais oser le demander...

L'autre voie est celle du fédéralisme, qui était pensé en filigrane dans la construction de l'Euro. Oui, il faut un budget européen et une fiscalité européenne commune. Ce qui suppose un Parlement européen aux compétences renforcées, bref un Parlement européen qui soit un véritable Parlement. On voit bien tout ce que cela implique de transferts de compétences des entités nationales vers la structure fédérale et tout ce que cela implique de courage pour penser cette nouvelle articulation politique à une échelle européenne.

On entend déjà les cris d'orfraies des champions de vertu du nationalisme de gauche et de droite des politicards français. Perte d'indépendance qu'ils disaient ! Soumission au diktat bruxellois ou allemand qu'ils criaient ! Agonie de la civilisation française et de son esprit qu'ils prédisaient !

Aucune de ces réactions à venir n'est digne des enjeux de notre époque. La finance, l'économie sont mondialisées. Les solutions à l'arrêt de la dégradation de notre environnement relèvent également d'une gouvernance mondiale. Les réponses aux multiples désordres et destabilisations engendrés par la pauvreté se jouent également à l'échelle mondiale. Dans ces conditions, on voudrait reculer et repartir sur une base nationale ? C'est un suicide collectif auquel je ne me résoudrai jamais.

Une nécessaire recomposition politique

Porter la question de l'Europe au centre des débats de l'élection présidentielle implique un double courage : celui de parler ouvertement et franchement aux citoyens, mais aussi celui de sortir de notre système bipartiste qui nous mène à la ruine. Depuis 30 ans, la France n'avance plus et ne sait plus se projeter dans l'avenir : il ne se passe pas une année sans que la question des immigrés de la 1ere, 2e, 3e, 4e génération ne soit posée, jusqu'à l'écoeurement. Depuis 30 ans, l'alternance droite/gauche entrecoupée de périodes de cohabitation a mené ce pays au bord du gouffre financier - la dette -, a stérilisé toute velléité d'innovation, a détourné les citoyens de la politique ou plutôt de leurs représentants de moins en moins représentatifs...

Cette question de l'Europe traverse l'ensemble des principaux courants politiques UMP et PS. Des deux côtés, en 2005, on aura vu s'affronter les anti-traité constitutionnel et ses partisans. Seul les centristes indépendants autour du MoDem de François Bayrou ont toujours tenu le cap de cet horizon fédéraliste. Je reste persuadé que c'est autour de cette question que le clivage droite/gauche basculera et avec ce basculement l'obligation de porter la question européenne au centre des débats.

Mais pour tout cela, il faut du courage et une vision et comme le disait un ami blogueur : l'Europe a les dirigeants qu'elle peut !

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