Les récentes circulaires ministérielles recommandent officiellement, sans les nommer, notre pédagogie et nos techniques. On sait que les circulaires officielles pour les classes de transition et les classes de perfectionnement recommandent formellement notre pédagogie et nos techniques et que, au même moment, notre École Freinet est reconnue comme école expérimentale. Ce sont là deux événements d’importance dont certains ne manqueront pas de se prévaloir pour accentuer leur opposition inconditionnelle à notre mouvement. Nous devons en parler sans ambages.
Le but de tous nos efforts depuis quarante ans a été d'expérimenter de nouvelles techniques de travail dans l’espoir qu'elles pourraient un jour être adoptées par la masse des écoles et des maîtres. Ce n'est pas au moment où l’administration reconnaît la valeur de ces techniques et la nécessité de les recommander, pour commencer, à certaines catégories d'écoles, que nous allons dire ; nous n'avons pas voulu cela ! Nous l'avons voulu tous ensemble, et pas seulement nous, les obscurs artisans de l’École Moderne, mais, avec nous, tous les chercheurs dévoués, toutes les organisations dont l’amélioration de la pédagogie populaire est le souci primordial. […]
C'est cette action unie qui a inspiré et préparé le projet Langevin-Wallon dont se réclament aujourd'hui tous les laïques et dont les buts étaient les nôtres :
« Les programmes étant fixés pour chaque âge, dit le projet Langevin-Wallon, et selon chaque orientation des enfants, il appartiendra aux méthodes d'en ajuster l’exécution aux capacités de chacun. Les méthodes à utiliser sont les méthodes actives, c'est-à-dire celles qui s’efforcent d'en appeler pour chaque connaissance ou discipline aux initiatives des enfants eux-mêmes. Elles alterneront le travail individuel et le travail par équipes, l'un et l'autre étant susceptibles de mettre en jeu les différentes aptitudes de l'enfant, tantôt en lui faisant affronter avec ses ressources propres les difficultés de l'étude, et tantôt en lui faisant choisir un rôle particulier et une responsabilité personnelle dans l'œuvre collective. Ainsi se révéleront ses capacités intellectuelles et sociales, et la place laissée à ta spontanéité fera de l'enseignement reçu un enseignement sur mesure ».
Extrait de « Quand les Instructions ministérielles recommandent la pédagogie Freinet », L’Éducateur n° 5, novembre 1964