Pouvoir solitaire
Au soir de la journée dense, le Chef s’observe dans le miroir. Il cherche un angle plus favorable révélant son profil napoléonien. Un embarras le trouble. Sa compétence extrême ne reçoit pas l’accueil citoyen qu’il en attend et cette discordance lui semble ingratitude. Certes le pouvoir qu’il détient est peu sujet au contrôle et si cela advient, celui-ci est de pure forme. Le débat n’influe guère sur ses décisions et les médias à son service savent user des filtres qui effacent les ombres et ajoutent des reflets flatteurs à ses décisions, leur attribuant une aura majoritaire par principe. Mais voilà : malgré tout, la base sociale le soutenant s’effrite, un effritement qui lui donne le vertige de la peau de chagrin. Il faut réagir, redresser la barre du pouvoir, montrer qu’on est à la place où se prennent les décisions ultimes…
???
La Guerre !
"J’en ai déjà remporté plusieurs ! Contre la maladie ! Contre la protestation ! Contre la fainéantise !" pense-t-il. "Qu’on mette des habits neufs au souvenir et qu’on face retentir la trompette guerrière !" Et le miroir, joli miroir, incline du chef sur la pause martiale.
Ô peuples, voyez ce qu’il advient quand vous perdez la main sur ceux qui dirigent vos affaires. Les aventures guerrières vous transforment en un bétail pour l’abattoir, une viande promise à la boucherie. Les puissants qui jouent de la violence guerrière se voient en dehors des conséquences qu’entraînent leurs décisions. Elles sont devenues rares et exemplaires, les circonstances où, eux aussi, en paient le prix ! Ainsi, voyez un tel, déclenchant le fer et le feu sur tout un peuple, le réduisant en une chair à l’agonie ! Ne se croit-il pas exempt de devoir un jour en rendre le compte ? Aujourd’hui, la rumeur qui s’enfle en paroles martiales joue avec l’holocauste où tous seraient perdant. Nos chefs de guerre de pacotille n’y gagneraient qu’une plus longue agonie !
Terjarineen