La Nouvelle-Calédonie vit un tournant historique avec l’accord de Bougival, signé en juillet 2025.
Ce texte inédit propose de créer un « État de la Nouvelle-Calédonie » au sein de la République française, avec sa propre nationalité, sa loi fondamentale et la possibilité de transférer certaines compétences régaliennes. Pour un territoire marqué par une histoire coloniale complexe et des revendications identitaires fortes, c’est un pas décisif vers une autonomie politique et institutionnelle renforcée.
Mais cet accord soulève une question fascinante : et si la métropole pouvait, elle aussi, imaginer un modèle similaire pour ses régions ?
L’accord de Bougival en bref
L’accord de Bougival offre à la Nouvelle-Calédonie plusieurs innovations majeures :
- Nationalité calédonienne : les habitants peuvent désormais cumuler nationalité française et nationalité calédonienne, selon des critères précis de résidence, naissance ou union familiale.
- Loi fondamentale : adoptée par le Congrès calédonien, elle établit la structure politique et juridique du territoire, organise les compétences locales et définit les signes identitaires (drapeau, hymne, devise).
- Transfert de compétences régaliennes : dans certains domaines comme la justice, la sécurité ou la monnaie, la Nouvelle-Calédonie peut progressivement gagner en autonomie, après approbation du Congrès et consultation des citoyens.
- Relations internationales : le territoire pourra agir diplomatiquement dans le respect des engagements de la France, notamment en matière commerciale.
En somme, ce texte offre une véritable capacité d’auto-organisation tout en maintenant un lien avec l’État français. Une combinaison rare entre autonomie et appartenance à une République unie.
Et si la France métropolitaine s’en inspirait ?
Actuellement, les régions françaises disposent de compétences limitées : urbanisme, transports, formation, développement économique. Mais elles restent fortement encadrées par l’État et la Constitution.
L’exemple calédonien invite à se poser des questions radicales : pourquoi certaines régions ne pourraient-elles pas disposer d’un parlement régional, d’une loi fondamentale propre et d’un contrôle élargi sur leurs affaires locales ?
Imaginez des territoires métropolitains capables de :
- Décider de leurs priorités économiques et sociales sans attendre Paris.
- Adapter leur gouvernance à leurs spécificités culturelles et historiques.
- Renforcer la participation citoyenne locale via des institutions autonomes.
C’est une réflexion sur la décentralisation à l’échelle maximale, un modèle où la République resterait unie, mais plus proche de ses citoyens.
Les limites et obstacles
Une telle idée reste aujourd’hui théorique :
- Constitution française : elle ne prévoit pas la création d’États au sein de la République. Toute démarche similaire exigerait une révision constitutionnelle majeure.
- Équilibre national : accorder le même degré d’autonomie à toutes les régions pourrait créer des inégalités et compliquer la répartition des ressources et de la représentation parlementaire.
- Spécificité des territoires : la Nouvelle-Calédonie est unique par son histoire coloniale, son contexte géopolitique et ses revendications identitaires. La transposition directe de ce modèle serait complexe, voire inadaptée.
Pour autant, réfléchir à un renforcement de l’autonomie régionale n’est pas impossible. Il s’agit avant tout d’ouvrir le débat sur la façon dont la France organise ses territoires.
Réinventer la République par la proximité
L’accord de Bougival montre qu’il est possible de combiner autonomie et lien à l’État. Il pourrait inspirer une France où les régions seraient mieux armées pour décider de leur avenir, tout en restant solidaires au sein d’une République unie.
Dans un contexte de crise sociale, économique et environnementale, repenser la gouvernance locale et donner davantage de pouvoir aux territoires n’est plus une simple hypothèse : c’est une invitation à imaginer une République plus proche des citoyens, plus adaptable et plus respectueuse de ses diversités.
En conclusion :
La Nouvelle-Calédonie nous offre une leçon de gouvernance et de dialogue politique. Et si cette leçon pouvait inspirer la métropole ? L’idée mérite d’être discutée, explorée et, surtout, débattue par les citoyens et les décideurs.