Après sa diffusion à Toulouse en sélection officielle du festival Cinélatino 2013, le film de Caetano Gotardo est dans les salles de cinéma depuis le mercredi 2 octobre 2013. C’est l’opportunité pour une rencontre avec le réalisateur autour de ces quelques questions sur son premier long métrage.

Vous avez à plusieurs reprises travaillé en tant que monteur sur des courts métrages mais aussi sur le long métrage Travailler fatigue de Marco Dutras et Juliana Rojas : pouvez-vous parler de l'importance du montage dans la conception d'un film et comment cela vous a-t-il aider à construire Celui que nous laisserons ?
Le montage est une chose que j’apprécie vraiment, car cela m’intéresse beaucoup de réfléchir au temps et à la durée d’un film. Pendant le montage, le film trouve son rythme, la voie qu’il est supposé donner au temps et à l’espace, à travers la lumière et le son, et je pense que c’est là une des choses les plus importantes dans la création d’un film. Aussi, quand je tourne, je prends toujours mes décisions en pensant au montage : comment chaque prise va être liée aux autres, et comment cela va affecter l’expérience du temps que je propose au spectateur.
Pouvez-vous nous parler de votre travail avec Marco Dutras et Juliana Rojas ? Vous avez en effet précédemment effectué le montage de leur film Travailler fatigue, et ils sont respectivement crédités à la musique et au montage de votre film.
Juliana, Marco et moi, nous avons fait nos études de cinéma ensemble, et depuis, nous avons énormément discuté de films. Nous avons réalisé que nous avions beaucoup de choses en commun, mais également beaucoup de différences très importantes pour moi. J’ai voulu partager mes références, voir ce qu’ils y appréciaient d’une manière distincte de la mienne. Ces années d’études ont été très importantes pour moi, aujourd’hui encore. Quand nous travaillons ensemble, nous échangeons beaucoup d’idées, pour enrichir davantage le processus créatif.

Comment la figure de la mère est devenue la pièce centrale de votre film à travers ces trois histoires alors que le père est davantage en retrait ?
C’était naturel, je ne sais pas si je peux l’expliquer de manière logique. Quand j’ai commencé à réfléchir sur la manière de me rapprocher de ces histoires, les personnages des trois mères surgissaient à mon esprit comme le centre émotionnel du film. Les pères ont leur importance, une très grande importance même, mais je souhaitais me baser sur ces trois personnages féminins pour aller plus loin dans la manière dont elles ressentaient tout ce qu’elles vivaient et qui les menaient aux chansons qu’elles chantaient.
Votre film est-il le portrait (à travers ces trois mères distinctes) de milieux sociaux brésiliens distincts réunis par des drames similaires ?
Pas tout à fait… Ces trois familles font plus ou moins partie du même environnement social. Elles sont toutes de la classe moyenne. J’ai voulu observer cet environnement social, celui d’où je viens.
Quel est votre lien spécifique à la musique (y avez-vous travaillé ?) et comment en êtes-vous arrivé à marier chant lyrique et cinéma ?
J’aime beaucoup la musique, comme auditeur, mais je n’ai jamais eu le moindre talent pour faire de la musique. J’aime réfléchir à la manière d’utiliser la musique dans une forme dramatique, tant au théâtre qu’au cinéma. Par exemple, Kurt Weill est un de mes compositeurs favoris. J’avais déjà écrit les paroles de quelques chansons avec Marco Dutra. Dans ce film, l’idée d’utiliser des chansons est venue parce que je sentais que ces trois personnages avaient besoin d’un espace pour s’exprimer dans une autre forme que le réalisme. En affrontant une telle douleur, ils devaient laisser déborder leurs impressions et émotions, et j’ai dû permettre au film lui-même de trouver une part de lyrisme dans sa structure, parce que je ne voulais pas condamner les personnages à leur unique souffrance.

Celui que nous laisserons de Caetano Gotardo
Titre original : O que se move
Fiction
97 minutes. Brésil, 2012.
Couleur
Langue originale : portugais
Avec : Cida Moreira, Dagoberto Feliz, Wandré Gouveia, Ane Rodrigues, Marina Corazza, Andrea Marquee, Rômulo Braga, Larissa Siqueira, Fernanda Vianna,Henrique Schafer, Adriana Mendonça, Gabriel do Reis, Beto Matos
Distribution : Damned Distribution
Vendeur : Urban Distribution International
Contact :
Damned Distribution
229, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
Téléphone : +33 6 68 82 20 03
E-mail : yohann@damneddistribution.com
Site web : www.damneddistribution.com