Panorama du Cinéma colombien, Paris 2013. Dans un ancien hôtel luxueux, les résidents vaquent chacun à leurs occupations durant un dimanche tranquille. Sauf que rien ne va. La gérante est dépassée par son propre hôtel, un croque-mort ramène un cadavre chez lui pour le préparer tandis que sa femme est obsédée par son rêve de la nuit dernière, un couple âgé doit faire face à la maladie d’Alzheimer de l’un d’eux et le concierge tente tant bien que mal de maintenir le bon déroulement de l’ensemble.

Difficile de classer ce film qui flirte entre comédie sociale dramatique et comédie noire et absurde. Pour son premier long métrage en tant que réalisateur, après avoir réalisé le montage des films de Ciro Guerra (Los Viajes del viento et L’Ombre de Bogota), Iván Wild convie le spectateur à une expérience étrange, celle d’un hôtel en décrépitude où les résidents vivent des situations surréalistes. À commencer par cet homme (interprété par l’acteur cubain Jorge Perugorría, inoubliable Diego dans Fraise et chocolat} de Tomás Gutiérrez Alea et Juan Carlos Tabío) qui ramène un cadavre dans son cercueil chez lui, aidé par Gabriel, l’homme à tout faire de l’hôtel. Le ton de la comédie noire est donné. Mais il ne s’agit pas pour autant d’une franche rigolade : on sourit plus de l’absurdité des circonstances dans lesquelles sont plongées les personnages, que de scènes comiques en tant que telle. On sent poindre la métaphore à travers cet hôtel à la gloire passée, d’une époque révolue laissant toute une population en état de quasi morts-vivants. Mais des clés contextuelles sociohistoriques manquent affreusement pour développer et partager avec le spectateur cette métaphore. Car le cinéaste a choisi de filmer son histoire en huis clos pour respecter le titre même de son film et établir au mieux un portrait de son édifice. En cela, il travaille plutôt bien ses atmosphères à travers un pointilleux souci de l’image, du décor et du montage. Réalisant un film choral où chaque personnage est présenté en détail en l’espace d’une journée, le vrai personnage central est l’édifice. Dans ce décor, les résidents vont et viennent, en un montage jouant avec la chronologie afin de présenter chacun avec la même importance. Ainsi, un personnage secondaire dans une scène revient au premier plan dans la scène suivante, offrant au spectateur l’explication de son comportement vis-à-vis de son précédent interlocuteur.
La proposition cinématographique est honorable, tout comme la volonté de se lancer des défis pour raconter cette histoire. Hélas, il est aisé pour le public de se perdre en cours de route, faute de fil conducteur fort et d’une intention beaucoup plus définie de la part du réalisateur.
Edificio royal Iván Wild
90 minutes. Colombie – France - Venezuela, 2012.
Avec : Adel David Vasquez (Gabriel), Jorge Perugorría (Justo), Katherine Vélez (Margarita), Jaime Barbini (Humberto), Beatriz Camargo (Graciela), Laura García, Fabio Restrepo, Ulises González
Scénario : Iván Wild, Carlos Franco
Images : Juan Sarmiento G.
Montage : Étienne Boussac
1re assistante réalisatrice : Claudia Pedraza
Musique : Santiago Lozano
Son : Alejandro Castillo
Décors : Diana Saade
Production : Ciudad Lunar Producciones
Coproduction : Cinéma Defacto (France)
Productrice : Cristina Gallego
Coproducteurs : Thierry Lenouvel, Raúl Bravo
Producteurs exécutifs : Carolina Angarita, Julián Giraldo
Producteur associé : Gustavo Torres Gil
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Ciné Sud Promotion
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