Cannes 2013, Semaine de la critique. À Tucumán, province du nord de l’Argentine, Sergio, Rubén et Alicia ont la charge d’un domaine, des espaces intérieurs et extérieurs. En l’absence des propriétaires, ils en profitent pour occuper l’espace vacant de la maison. Lorsque « los dueños » débarquent, ils prennent soin de ne laisser aucun indice de leur passage.
Dans cette farce contant les relations maîtres/serviteurs, l’esprit du théâtre de Molière n’est pas loin. Telle une troupe de théâtre amenée à jouer au fil des représentations les mêmes personnages dans la même histoire, on sent bien que les acteurs prennent plaisir à jouer entre eux une histoire qu’ils maîtrisent tout à fait. Si les rôles (maîtres/serviteurs) s’intervertissent à plusieurs occasions, que des fusils et une hache apparaissent, cette prétendue « lutte des classes » reste un lointain préalable à une possible révolution à venir. Les réalisateurs offrent une véritable place à chacun, il n’y a donc pas un, mais plusieurs « premiers rôles ». Malgré ce traitement « démocratique » de la présence de chacun à l’image, la sympathie des réalisateurs va davantage auxdits serviteurs. Le choix du titre est là pour affirmer l’objet de la dérision : los dueños (littéralement : les propriétaires) telle une curieuse et intéressante espèce à étudier. Filmés à partir de leur résidence secondaire à Tucumán, ils ne sont présentés qu’à travers ce fragment de leur vie en vacances. Tandis que Sergio, Rubén et Alicia s’inscrivent pleinement dans les lieux du film et qu’ils ouvrent et ferment d’ailleurs le film, comme s’ils étaient finalement les propriétaires légitimes.

Ces personnages représentent Tucumán même, une région que l’on a peu coutume de voir dans le cinéma argentin qui a longtemps privilégié les tournages à Buenos Aires. En voit donc aussi apparaître la métaphore de la lutte des provinces argentines pour réclamer un droit légitime à la représentation cinématographique. Si le cinéma d’auteur consiste à travailler à partir de soi, de son histoire personnelle, faire de Tucumán, lieu d’origine d’Agustín Toscano et Ezequiel Radusky, le centre du récit du film, s’affirme comme une nécessité. Les réalisateurs en tirent un film modeste, qui cherche moins à démontrer la thèse de la lutte des classes, que divertir à la manière de Molière, où l’humour n’est évidemment jamais gratuit.
Los Dueños Agustín Toscano, Ezequiel Radusky
95 minutes. Argentine, 2013.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Rosario Blefari (Pía), Germán De Silva (Rubén), Sergio Prina (Sergio), Cynthia Avellaneda (Lourdes), Liliana Juárez (Alicia), Nicolás Aráoz (Manuel), Daniel Elías (Gabriel)
Scénario : Agustín Toscano, Ezequiel Radusky
Images : Gustavo Biazzi
Montage : Pablo Barbieri
1ers assistants réalisateurs : Cecilia Kang, Guido Segal
Son : Catriel Vildosola
Décors : Gonzalo Delgado Galiana
Production : Rizoma Films
Producteurs : Natacha Cervi, Hernán Musaluppi
Vente internationale : The Match Factory
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