Cannes 2013 : Quinzaine des Réalisateurs. Avec sa famille, Manena profite de doux moments de villégiature dans une grande propriété au bord d’un lac. Francisco, son père, est obsédé par la prolifération des carpes et commence à utiliser des méthodes qui déplaisent fortement à Manena tout comme son comportement à l’égard des populations locales mapuches.

Dans une atmosphère brumeuse un conflit est en train de naître entre individus qui se côtoient mais s’ignorent et cultivent entre eux les a priori. Dans ce film, il est question de rapport de classes, de l’accaparement de terres entre les mains de quelques puissants propriétaires au détriment des populations mapuches autochtones. Au-delà du contexte socioculturel propre au Chili, cette histoire prend les traits d’un drame universel. Après de nombreux documentaires percutants sur la société chilienne actuelle, Marcela Said choisit de passer à la fiction pour traiter au mieux un conflit complexe autour des Mapuches. Le but n’est plus d’informer sur des faits, même si le scénario est né à partir de nombreuses situations et propos issus d’une réalité vécue. L’objectif est de rendre compte du climat créé par cette situation conflictuelle. Elle y parvient merveilleusement avec la superbe composition de l’image d’Inti Briones qui sait montrer tout en laissant suggérer le hors champ omniprésent. De l’aveu de la cinéaste même, il s’agissait de montrer l’invisible. Il en découle un récit construit avec beaucoup de subtilité à partir du point de vue de la jeune Manena prenant conscience à la fois de la culture qui l’origine à travers l’attitude de son père, et les cultures qui l’entourent avec notamment l’amitié naissante avec Pedro. Le fossé est alors grand entre générations et entre classes sociales dans un pays qui souffre beaucoup de sa trop grande absence de mixité sociale.

Si l’histoire troublée du Chili a brillamment été revisitée par les documentaires de Patricio Guzmán et les fictions de Pablo Larraín, l’intérêt du film de Marcela Said est de placer le spectateur dans le contexte du Chili actuel. Et force est de constater que certains conflits se retrouvent également dans d’autres pays : les convois d’arbres coupés laissent envisager le pillage effectué de terres préservées jusque-là de la logique néolibérale. Pour autant, la cinéaste a préféré privilégier le conflit entre un père et sa fille au conflit idéologique. Ceci témoigne d’une nouvelle génération en recherche d’harmonie, de cohérence avec le monde avec lequel il vit. À partir de là, un autre monde est possible sans passer par des leaders et groupes politiques. Ainsi, le film se fait l’écho d’une nouvelle réalité sociale capable de bouleverser un conservatisme enraciné dans la jouissance boulimique de patrimoines transmis héréditairement, telle une tare génétique nommée Conquista. Et ce n’est là qu’une interprétation toute personnelle et subjectivement assumée, parmi les multiples lectures qu’offre et permet le travail esthétique et scénaristique du film.
El Verano de los peces voladores Marcela Said
85 minutes. Chili - France, 2013.
Avec : Gregory Cohen (Francisco), Francisca Walker (Manena), Carlos Cayuqueo (Pedro), Bastián Bodenhofer (l'oncle), María Izquierdo (Teresa), Guillermo Lorca (le voisin peintre), Paola Lattus, Emilia Lara, Roberto Cayuqueo
Scénario : Marcela Said, Julio Rojas
Images : Inti Briones
Montage : Jean De Certeau
Musique : Alexander Zekke
Son : Manuel Robles
Décors : Angela Torti
Production : Jirafa (Chili)
Coproduction : Cinéma Defacto (France)
Producteurs : Bruno Bettati
Coproducteur : Tom Dercourt
Vente internationale : Alpha Violet
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