Billet de blog 1 décembre 2015

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Au Guatemala comme ailleurs, résister c’est apprendre à vivre

Dans les années 1980 et 1990, plusieurs centaines de milliers de Mayas au Guatemala furent massacrés, entraînant une forte vague de migration. Certains ont décidé de poursuivre leur lutte en allant s’installer dans les montagnes les plus reculées.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
lecciones-para-una-guerra © Fragua

Festival Viseur à Paris : Lecciones para una guerra de Juan Manuel Sepúlveda

Si un accord de paix en 1996 a été signé mettant fin à une longue période de conflit armé concernant plusieurs générations de Guatémaltèques, les dangers pour ces populations dans les montagnes ont seulement changé de visage. C’est pourquoi ils restent aux aguets car ils savent que les ressources naturelles de leur environnement attisent les convoitises. Contrairement à une armée de guerilleros, la lutte de ces hommes, ces femmes et ces enfants s’inscrit dans le quotidien pour subvenir à leurs besoins. Ainsi, les militants ne sont pas en tenue militaire, mais au contraire cultive la terre, activité fondamentale pour se maintenir en un lieu, mais aussi symbole d’attachement vital à cette terre. À la différence de militaires qui tuent le temps à s’entraîner à tuer, le quotidien est ici marqué par le rapport au milieu naturel pour y trouver toutes les ressources vitales. Tel est le message que se propose de transmettre le film à partir d’un titre très évocateur mais aucunement belliciste. Car pour les habitants de ce lieu, la meilleure expression de leur résistance politique consiste à cultiver et préserver la vie. Pour ce faire, le réalisateur Juan Manuel Sepúlveda rythme ses images au fil des jours et des nuits, prenant le temps de saisir avec sa caméra le milieu environnant aussi bien que les activités humaines. Très respectueux de ce rythme dont il cherche à rendre compte dans son documentaire, sa caméra ne vient jamais interroger de front les protagonistes. Au contraire, les actions quotidiennes se poursuivent à l’écran alors que les témoignages apparaissent en voix off. Par là, Juan Manuel Sepúlveda réinterroge subtilement la place de la caméra dans un documentaire qui s’est engagé à couvrir un conflit social. Le cinéma documentaire a beau avoir une longue tradition de militantisme et de critique sociale progressiste en Amérique latine, le réalisateur ne se contente pas d’en présenter la syntaxe habituelle : il en fait la synthèse la plus appropriée à l’égard de son sujet même.

Lecciones para una guerra

de Juan Manuel Sepúlveda

Documentaire

102 minutes. Mexique, 2011.

Couleur

Langues originales : espagnol, ixil, quiché

image : Juan Manuel Sepúlveda

montage : Roberto Bolado Muñoz

Production : Fragua Cinematografía, Fondo para la Producción Cinematografica de Calidad – FOPROCINE

Production exécutive : Juan Manuel Sepúlveda

Producteur associé : Armando Casas Pérez

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