Billet de blog 2 juillet 2021

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Jours d’automne" (Días de otoño) de Roberto Gavaldón

Luisa rejoint Mexico, la grande ville, après le décès de sa tante avec qui elle vivait à la campagne. Elle devient une employée talentueuse d’une pâtisserie dont le patron lui fait doucement les yeux doux. Cependant, Luisa rêve d’un mariage avec un homme qu’elle vient de rencontrer.

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"Jours d’automne" (Días de otoño) de Roberto Gavaldón © Les Films du Camélia

Festival International du film de La Rochelle 2021 : Jours d’automne de Roberto Gavaldón

Le festival de La Rochelle qui dédie chaque année une grande partie de sa programmation au cinéma de patrimoine, rend en 2021 hommage au cinéaste mexicain Roberto Gavaldón en 5 films en copies restaurées en attendant une diffusion officielle en salles prévue pour l’automne 2021. Contemporain des filmographies de Luis Buñuel et Emilio Fernández, entre autres figures qui ont contribué à l’âge d’or du cinéma mexicain, Roberto Gavaldón s’est illustré avec brio dans des mélodrames urbains baignés de film noir ainsi que dans un conte fantastique inoubliable (Macario, 1960). Son talent de conteur s’est la plupart du temps associé à l’ingénieuse composition de Gabriel Figueroa, le grand maître de la photographie du cinéma mexicain !

Dans Jours d’automne (Días de otoño) l’image du film est au service du récit mélodramatique avec des idées de génie comme le jeu de miroir dans la chambre de l’héroïne où la lumière est renvoyée dans tous les sens, traduisant avec force l’état de désarroi profond de Luisa. Car c’est bien Luisa qui est au centre de l’histoire à une époque où les films noirs de l’autre côté de la frontière, à Hollywood, sont la plupart du temps portés par des hommes. Il est ici question d’une innocente jeune femme venue de la campagne qui fantasme un modèle qui ferait d’elle une femme intégrée dans la société. Pour parvenir à ses fins, elle va cumuler plusieurs mensonges, s’inventant une vie rêvée pour mieux évacuer le drame de ses désirs bafoués. Si la morale catholique très forte à l’époque dans la société mexicaine n’est jamais remise ici frontalement en cause, le personnage de Luisa suit un long cheminement où elle est contrainte de mentir aux autres comme à elle-même avant de s’émanciper du modèle féminin vertueux, marié avec enfant. Ce mélodrame urbain décrit dans la grandiloquence des gestes des acteurs une société ankylosée où les femmes sont étouffées par le régime patriarcal. Roberto Gavaldón offre ici une quintessence du mélodrame mexicain dans cette peinture psychologique qui permet une parfaite connexion avec toute une époque passée.

Jours d’automne
Días de otoño
de Roberto Gavaldón
Fiction
95 minutes. Mexique, 1962.
Noir & Blanc
Langue originale : espagnol

Avec : Pina Pellicer (Luisa), Ignacio López Tarso (Albino), Adriana Roel (Alicia), Luis Lomelí (Carlos), Graciela Doring (une employée de la pâtisserie), Hortensia Santoveña (la doctoresse), Eva Calvo (une cliente de la pâtisserie), Guillermo Orea (le photographe), Enrique García Álvarez (le curé), Ricardo Fuentes (le dessinateur), Joaquín Roche hijo (Mario), Juan Antonio Edwards (le fils de Don Albino), Evangelina Elizondo (Rita), Lupe Carriles (une voisine), José Chávez (le chauffeur de taxi), Lidia Franco, Leonor Gómez, Concepción Martínez
Scénario : une adaptation de Julio Alejandro avec la collaboration d’Emilio Carballido d’après le roman Frustration de B. Traven
Images : Gabriel Figueroa
Montage : Gloria Schoemann
Musique : Raúl Lavista
Son : James L. Fields
Directeur artistique : Manuel Fontanals
Effets spéciaux : Juan Muñoz Ravelo
Maquillage : Armando Meyer
Coiffure : Esperanza Gómez
Scripte : Miguel Ángel Madrigal
Production : Clasa Films Mundiales
Producteur exécutif : Felipe Subervielle
Distributeur (France) : Les Films du Camélia

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