
À propos du coffret DVD : Combatientes, de Jerónimo Paz Clemente et Tomás de las Heras
En 1982, la Guerre des Malouines est déclarée, opposant l’armée de la dictature argentine au Royaume-Uni de Margaret Thatcher. Pour des raisons diverses, six jeunes argentins se retrouvent enrôlés au milieu du conflit. Cinq ans plus tard, au moment où ceux-ci sont amenés à se retrouver, le bilan de la guerre sur leur vie est lourd.
Combatientes est une mini sérié diffusée pour la première fois en avril 2013 sur la chaîne de télévision argentine TV Pública. Les épisodes de la série sont tous dédiés à « ceux qui continuent aujourd’hui à se battre ». Trente ans après la guerre des Malouines qui a précipité la chute de la dictature argentine, cette série offre un regard rétrospectif sur l’histoire récente. La série s’adresse tout d’abord avant tout aux Argentins eux-mêmes dans la volonté de sortir d’un certain trauma. Cette guerre est encore à l’heure actuelle problématique pour ceux qui y ont participé parce qu’elle est une initiative d’une dictature déclinante qui a tenté ainsi de regonfler l’orgueil national et justifier la présence des militaires au pouvoir. Néanmoins, la situation géopolitique reste dans cette série complètement hors champ, seulement évoquée à travers les informations télévisées en images d’archives.
Combatientes suit le cheminement de six personnages masculins qui ont participé à ce conflit. Les premiers épisodes se concentrent sur chacun d’eux, mêlant les époques, entre l’avant et le pendant de la guerre. Dans la seconde partie de la série, les épisodes se focalisent plus étroitement sur le personnage de Gustavo qui, en 1987, retrouve ses compagnons d’arme et tente comme il peut d’échapper à sa propre destruction : devenu instable et violent, il s’isole de plus en plus de son entourage et de la société en général. À travers l’évolution de ce personnage, modeste ouvrier, c’est tout le malaise d’une population qui n’a pas saisi les enjeux de la guerre et qui a surtout complètement négligé la dictature de son gouvernement. Épousant la guerre des Malouines, ils sont devenus au moment de la défaite et ensuite encore lors du retour à la démocratie, des témoins encombrants d’un passé récent dont tous les pans de la société argentine tentent d’oublier. La série s’évertue à plonger dans la souffrance des protagonistes, victimes involontaires des enjeux politiques de leur pays. La série est extrêmement sombre, privilégiant les teintes brunes, marrons, rappelant sans cesse la mort omniprésente. L’histoire est plutôt bien servie par ses interprètes, notamment Lucas Ferraro que l’on avait pu voir quelques années plus tôt au cinéma dans Plan B de Marco Berger. L’une des grandes défaillances de la série est un scénario assez pauvre qui manque de rebondissements et surtout de souffle afin de maintenir l’attention soutenue du spectateur d’un épisode à l’autre. De même, la mise en scène, malgré sa volonté de traduire la noirceur de ses personnages dans les cadres multiples où ils évoluent, ne fait preuve d’aucune inventivité et surtout de véritables choix au service de l’histoire. Les mouvements en caméra à l’épaule finissent très vite pas lasser et le réalisme qu’elles sous-entendent dessert complètement la reconstitution historique. À cet égard, on est donc bien loin des partis pris formels du No de Pablo Larraín, qui lui aussi s’intéressait à une fin de dictature, avec un souci formel de traduire un point de vue politique. La série, quant à elle, semble quelque peu dépolitiser les événements historiques dont on n’apprendra hélas que peu de choses, si ce n’est la souffrance et la destruction mentale des vétérans incapables de se réadapter à la vie civile, à l’instar de nombreux films américains ayant traiter des vétérans du Vietnam, notamment Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, qui est ici une claire référence pour la série : l’amitié/haine des soldats de retour à la vie civile, leur pente vers l’autodestruction, le personnage du prolétaire dépassé par la politique de son pays, etc. Or, la série ici se contente d’illustrer des événements, en s’appuyant certes sur des témoignages d’anciens combattants, mais sans jamais davantage s’intéresser à la société argentine dans laquelle ils s’inscrivent. Il n’en reste pas moins que Combatientes est l’une des rares séries provenant d’Amérique latine ayant droit à une édition DVD en France. Cette initiative est clairement à encourager pour que l’on puisse être en mesure de saisir l’état de la production des séries télévisées qui reste encore, quant à tout ce continent, totalement méconnu sous nos latitudes.

Combatientes
Combatientes
de Jerónimo Paz Clemente et Tomás de las Heras
Avec : Lucas Ferraro (Gustavo Rivero), Lautaro Delgado (Augusto López Cabral), Lucas Escariz (Carlos Federico Medina), Eliseo Barrionuevo (Facundo Roggero), Facundo Livio Mejías (Benito 'Chapa' Gutierrez), Ramiro Archain (Raúl Saslavsky), Victoria Raposo (Teresa Carreras), Mailén González Perrín, Julia Calvo, Jorge Nolasco, Roly Serrano, Lili Popovich, Luz Palazón, Mónica Lairana, Tony Lestingi, Darío Levy, Manuel Vicente, Marcelo D'Andrea
Argentine – 2013.
Durée : 13 épisodes de 26 minutes
Sortie France du DVD : 7 octobre 2014
Format : 1,77 – Couleur
Langue : espagnol - Sous-titres : français.
Éditeur : Éditions Montparnasse
Bonus :
Présentation de la série par les réalisateurs (3 min)
Making of (5 min)
lien vers le site de l’éditeur : http://www.editionsmontparnasse.fr/p1644/Combatientes-Coffret-DVD