Sortie nationale (France) du 1er octobre 2014 : Tuer un homme, de Alejandro Fernández Almendras
Jorge mène un travail solitaire dans la forêt. De retour dans son quartier, il se fait lourdement molester par une bande menée par Kalule. Le fils de Jorge veut se venger, mais se fait tirer dessus par Kalule. Après deux ans passés en prison, Kalule commence à harceler Jorge et sa famille.

L’homicide, au centre de ce troisième film d’Alejandro Fernández Almendras (après Huacho et Près du feu), est un des sujets récurrents du cinéma d’action. À tel point qu’il pourrait tendre à la banalisation, au non événement en tant que tel. Alejandro Fernández Almendras choisit de placer cet événement au cœur du récit comme une attitude post-moderne ou néoclassique (deux termes qui collent bien à l’idée de revisiter les genres passés avec une réflexion toute contemporaine aiguillée par une claire conscience de l’histoire du cinéma). « Tuer un homme » est un drame aussi bien pour celui qui commet l’homicide que celui qui le subit. Tuer l’autre c’est évidemment se tuer soi-même car il n’a pas été possible pour l’individu de trouver une alternative pour se réaliser en société. Le cinéaste part d’un fait divers pour explorer la réalité. Comme dans ses précédents films, il explore les relations d’un individu face à son environnement immédiat : comment celui-ci le définit, le soutient ou le détruit à petit feu. Pour filmer ces espaces habités d’une présence métaphysique, c’est toujours le génial Into Briones que l’on retrouve derrière la caméra (également auteur de l’image du récent Les Sœurs Quispe de Sebastián Sepulveda). À la frontière du film de genre par le thème de l’homicide, Tuer un homme interroge ce qui au final confère de l’humanité à un groupe social. Il se place pour cela dans la description précise d’un homme inscrit dans la société contemporaine où l’État, garant du bien être et du respect des droits de chacun, a disparu. Le Chili actuel est un pays soumis à l’ère néolibérale où l’exercice de la justice et de la peine de mort se sont implicitement privatisés. C’est aussi cela que laisse entendre la trajectoire du personnage principal du film. Ce témoignage passe par une économie de moyens toute bressonienne qui se focalise sur l’essentiel afin de ne jamais faire un spectacle dudit homicide. Car la véritable histoire n’est pas contenue dans le titre mais plutôt dans la trajectoire des individus traversés par cette impasse dramatique.

Tuer un homme
Matar a un hombre
de Alejandro Fernández Almendras
Fiction
84 minutes. Chili - France, 2014.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Daniel Candia (Jorge), Alejandra Yañez (Marta), Daniel Antivilo (Kalule), Ariel Mateluna (Jorge Hijo), Jennifer Salas (Nicole)
Scénario : Alejandro Fernández Almendras
Images : Inti Briones
Montage : Soldedad Salfate Doren, Alejandro Fernández Almendras
Musique : Pablo Vergara
Son : Pabo Pinochet
Production : El Romanso Cine (Chili), Arizona Films (France)
Producteurs : Eduardo Villalobos Pino, Guillaume De Seille
Distributeur (France) : Arizona Films