Billet de blog 4 décembre 2021

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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La Havane 2021 : "Pacificado" de Paxton Winters

Morro dos Prazeres est une favela de Rio de Janeiro, où Tati, adolescente, voit arriver son père qu’elle n’a jamais connu et qui sort de prison. De grandes attentes sont fondées sur lui alors qu’il fut le chef de la favela 14 ans plus tôt.

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Film de la compétition long métrage de fiction de la 42e édition du Festival International du Nouveau Cinéma Latino-Américain de La Havane 2021 : Pacificado de Paxton Winters

Pour son second long métrage après Crude (2003) tourné en Turquie, le réalisateur et photojournaliste nord-américain Paxton Winters s’est à nouveau mis en immersion, en s’installant dans une favela pour saisir au mieux les enjeux et porter un récit dans lequel les habitants puissent se retrouver. Voici un nouveau portrait d’une favela autour de la relation entre une adolescente et son père, ce dernier redécouvrant son quartier. L’histoire empreinte plusieurs pistes avec un début centré sur le regard d’une jeune adolescente perdue dont la mère dealeuse n’est pas dans la plus grande affection à son égard. Dès lors, le retour de son père est une opportunité de se projeter dans de nouvelles perspectives, surtout comme une alternative à un horizon bouché.

Illustration 1
"Pacificado" de Paxton Winters © DR

De la chronique sociale, le film évolue peu à peu vers une guerre de chefs dans la favela, où un homme en quête de paix et d’activités honnêtes est contraint à assumer des crimes. De ce point de vue, le scénario est un peu fragile puisqu’il oublie au passage la figure de l’adolescente et de ses problématiques, de même toute l’organisation sociale complexe de la favela dans le contexte de la « pacification » opérée par la police en amont du rendez-vous international des jeux olympiques de 2016 n’est guère politiquement questionné.

Le film n’en a pas moins remporté en 2019 la concha de oro du festival de San Sebastián en Espagne, ainsi que le prix de la meilleure interprétation décernée à Bukassa Kabengele dans le rôle Jaca et le prix de la meilleure photographie. Le film est en effet ample dans ce qu’il raconte mais manque son analyse sociale comme le portrait de l’adolescente. Le plus réussi est le portrait du père, au profit d’un film de genre : une lutte de pouvoir dans la favela avec un homme humble qui se bat pour sa famille qui devra s’imposer face au jeune truand dans une dramaturgie qui flirte avec celle du Parrain. Le film est néanmoins réalisé avec efficacité malgré quelques longueurs et quelques détours et se trouve soutenu à la production entre autres par le cinéaste Darren Aronofsky.

Pacificado
de Paxton Winters
Fiction
100 minutes. Brésil, USA, 2019.
Couleur
Langue originale : portugais

Avec : Bukassa Kabengele (Jaca), Cassia Gil (Tati), Débora Nascimento (Andrea), Léa Garcia (Dona Preta), Raphael Logan (Dudu), Jefferson Brasil (Juninho), Rayane Santos (Letícia), José Loreto (Nelson), Thiago Thomé (Tu Pac), Shirley Cruz (Karla), Rod Carvalho (Pico), Heinz Prellwitz (le conducteur), Murilo Sampaio (Jacaré), Raphael Teixeira (Luís), Jupy Azevedo (le vendeur de maté), Mariana Lewis
Scénario : Paxton Winters, Joseph Carter, Wellington Magalhaes
Images : Laura Merians Goncalves
Montage : Affonso Gonçalves, Aylin Tinel
1re assistante réalisatrice : Lili Faria
Décors : Ricardo Van Steen
Effets visuels : Claire Cuinier
Scripte : Eloá Amorim
Production : Muskat Filmed Properties, Reagent Media
Producteur.rice.s : Darren Aronofsky., Paula Linhares, Lisa Muskat, Marcos Tellechea 
Producteurs exécutifs : Fernando Loureiro, Noberto Pinheiro Jr., Giovana Refatti, Guilherme Martin Somlo
Producteur associé : Ricardo Montanha

Illustration 2

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