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Film au sein de la programmation "Ninón Sevilla, l'aventurière" de la 52e édition du FEMA Festival La Rochelle Cinéma 2024 : Victimes du péché d'Emilio Fernández
Le FEMA 2024 dans son cycle de (re)découvertes de l'histoire du cinéma international, propose un cycle de trois films autour de l'actrice cubano-mexicaine Ninón Sevilla qui sera repris également en salles à partir du 10 juillet 2024 par les Films du Camélia. Les talents de danseuse de l'actrice sont ici mis au service du mélodrame mexicain en incarnant une mère sacrificielle ou encore des histoires d'amour impossible.
Avec Victimes du péché (Víctimas del pecado, 1949) le réalisateur Emilio Fernández et son coscénariste Mauricio Magdaleno reprennent la thématique de la femme contrainte à gagner sa vie en tant qu'entraîneuse dans un cabaret pour assurer l'éducation de son enfant qui constitue déjà l'intrigue au cœur des Bas-fonds de Mexico (Salón México) où l'on retrouve en outre la fascinante composition photographique du génial Gabriel Figueroa. Ainsi, chaque plan est particulièrement travaillé dans sa profondeur de champ avec des jeux de lumière qui interrogent la destinée tragique des personnages tout en sollicitant les symboles architecturaux largement muets faute de compensation et d'appui de la part de la république mexicaine de lors.
Contrairement à la protagoniste des Bas-fonds de Mexico Ninón Sevilla transcende sa place dans le cabaret et ne vit pas dans la honte de devoir assurer son indépendance économique car lorsqu'elle entre dans ses chorégraphies dansées au rythme des sons afro-cubains, son personnage exulte en véritable reine de la nuit au centre de toutes les attentions autour d'elle. C'est d'ailleurs après une chanson sur scène, qu'une autre chanteuse affichera également sa solidarité féminine pour s'opposer au patriarcat du patron du cabaret, ce qui entraînera un combat de testostérone généralisé digne du cinéma burlesque. Ainsi, la danse transcende et révèle toute la puissance de la cubanité de l'actrice danseuse, ce dont a bien conscience le réalisateur qui privilégie au cœur du film comme une parenthèse enchantée au sein d'une comédie musicale, de véritables numéros de cabarets pour un public de cinéma curieux à l'époque de ces endroits nocturnes populaires mal considérés.
La sanctification de la mère sacrificielle dans les deux films d'Emilio Fernández est adoubée par la figure catholique mexicaine de la Vierge de Guadalupe tandis que l'antagoniste masculin représente les pires travers du machisme mexicain fondamentalement toxique dans ses rapports avec les femmes, dans les deux films incarnés par le même acteur Rodolfo Acosta. Cette conscience de la solidarité féminine nécessaire pour lutter contre le patriarcat est dans les deux scénarios appuyé par la présence d'une figure masculine positive comme si la sororité ne pouvait pas complètement fonctionner dans un monde politique et social dont les hommes gardent les rênes.
Emilio Fernández utilise tous les ressorts du mélodrame même dans ses excès décomplexés qui offrent rétrospectivement une véritable liberté que peut se permettre l'art de la représentation cinématographique non contraint à la prétendue sobriété du réel. Entre le néoréalisme italien et les comédies musicales à grands spectacles hollywoodiens de la même époque, Emilio Fernández trace son propre sillon en intégrant la mise en scène du film noir au service du mélodrame.
Ninón Sevilla traverse le film avec fulgurance qui confère une dignité qui transcende son personnage reposant d'autres ressorts singuliers que ceux utilisés à la même époque par les divas du cinéma mexicain María Felix et Dolores del Rio.
Victimes du péché
Víctimas del pecado
d'Emilio Fernández
Fiction
85 minutes. Mexique, 1951.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Ninón Sevilla (Violeta), Tito Junco (Santiago), Rodolfo Acosta (Rodolfo), Rita Montaner (Rita), Ismael Pérez (Juanito), Margarita Ceballos (Rosa), Arturo Soto Rangel le directeur de la prison), Francisco Reiguera (Don Gonzalo), Lupe Carriles (Doña Longina), Jorge Treviño (le vendeur), Pedro Vargas (le chanteur), Luis Aceves Castañeda (Luis, l'annonceur du cabaret), Gregorio Acosta (un client du cabaret), Ricardo Adalid (un client du cabaret), Enrique Carrillo (le policier), Aurora Cortés (La Prieta), Lupe del Castillo (Señorita Montaño, une voisine), Enedina Díaz de León (une prisonnière), Magdalena Estrada (une femme travaillant au cabaret), Agustín Fernández (un sbire de Rodolfo), Rogelio Fernández (un sbire de Rodolfo), Salvador Godínez (un client du cabaret), Leonor Gómez (une prisonnière), Carlos León (un client du cabaret), Margarito Luna, Elena Luquín, Estela Matute, Álvaro Matute, Gloria Mestre, Chimi Monterrey, Inés Murillo, Yolanda Ortiz, Ignacio Peón, Dámaso Pérez Prado, Enriqueta Reza, Carlos Riquelme, Ángela Rodríguez, Aurora Ruiz, Hernán Vera, Hilda Vera, Acela Vidaurri
Scénario : Emilio Fernández, Mauricio Magdaleno
Images : Gabriel Figueroa
Montage : Gloria Schoemann
Musique : Antonio Díaz Conde
Son : James L. Fields, Enrique Rodríguez, Galdino R. Samperio
Effets spéciaux : Jorge Benavides
Assistant réalisateur : Alfonso Corona Blake
Décors : Manuel Fontanals
Maquillage : Ana Guerrero
Coiffure : Agripina Lozada
Scripte : Pedro López
Production : Guillermo Calderón, Pedro A. Calderón
Société de production : Cinematográfica Calderón S.A.
Distributeur (France) : Les Films du Camélia
Sortie en salles (France) : 10 juillet 2024