Billet de blog 6 novembre 2022

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Él" de Luis Buñuel

Francisco Galván de Montemayor, riche bourgeois et fervent religieux, s'éprend obsessionnellement d'une femme lors d'une messe. Il l'épouse et plonge dans une paranoïa doublée d'une jalousie maladive à son égard.

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Sortie nationale (France) du 2 novembre 2022 : Él de Luis Buñuel

Récemment restauré, l'un des chefs-d'œuvre de la période mexicaine florissante de Luis Buñuel est à nouveau accessible en salles depuis le 2 novembre 2022 grâce aux efforts passionnés du distributeur Les Films du Camélia. Précédemment sorti en France sous le titre Tourments, Él retrouve ici sa force initial par son titre original beaucoup plus explicite puisque l'on peut le traduire par « lui » qui traduit parfaitement l'objectif du regard entomologiste du cinéaste sur ce cas de figure masculin d'obsession maladive. Ce film permet à la fois de pointer du doigt les valeurs bourgeoises et catholiques comme des foyers hautement pathogènes. Tout commençait bien avec une image d'une sensualité érotique profonde avec une focalisation sur le pied d'une femme lors d'une cérémonie religieuse. Tous les interdits maladifs de la religion catholique de même que son inhérente misogynie devient ici le contexte pour la folie d'un homme de prendre toute son ampleur sans qu'à aucun moment personne ne le remette en cause dans la violence dont il fait preuve à l'égard de son épouse.

Illustration 1
Él de Luis Buñuel © Les Films du Camélia

Sans pour autant développer un regard féministe, Luis Buñuel pose un regard précurseur sur les violences conjugales même s'il s'intéresse davantage au personnage de l'époux bourreau et victime de sa propre folie qu'à celui de l'épouse qui endosse dans un long chemin de croix une relation destructrice. Ce regard qu'il pose sur son personnage ne laisse rien échapper de toute la folie patriarcale en quête folle de patrimoines au fil de procès perdus d'avance et le film se révèle une critique judicieuse et sans concession de tout un corps social.

Il est de ce point de vue bien aidé par le scénario coécrit avec Luis Alcoriza d'après le roman autobiographique de Mercedes Pinto. Sans oublier les constructions de l'image du génial Gabriel Figueroa qui privilégie les profondeurs de champs avec une maestria qui n'appartient qu'à lui et qui traduisent la force de pression et de manipulation d'un homme sur tout l'espace mental d'une femme.

Illustration 2

Él
de Luis Buñuel
Fiction
92 minutes. Mexique, 1953.
Noir & Blanc
Langue originale : espagnol

Avec : Arturo de Córdova (Francisco Galván de Montemayor), Delia Garcés (Gloria Milalta), Aurora Walker (Esperanza Peralta), Carlos Martínez Baena (le père Velasco), Manuel Dondé (Pablo), Rafael Banquells (Ricardo Luján), Fernando Casanova (Beltrán), Luis Beristáin (Raúl Conde), Roberto Meyer, José Pidal
Scénario : Luis Buñuel et Luis Alcoriza d'après le roman de Mercedes Pinto
Images : Gabriel Figueroa
Montage : Carlos Savage
Musique : Luis Hernández Bretón
Son : Jesús González Gancy
Assistant réalisateur : Ignacio Villareal
Coiffure : José Jurado
Maquillage : Armando Meyer
Décors : Edward Fitzgerald
Production : Producciones Tepeyac
Producteur : Óscar Dancigers
Distributeur (France) : Les Films du Camélia

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