Billet de blog 7 août 2024

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

"Pas de lettre pour le colonel" d'Arturo Ripstein

Dans une profonde précarité, un colonel attend en vain la nouvelle d'une pension promise tandis que son épouse malade est encore sous le coup du traumatisme de la mort de leur unique fils.

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Pas de lettre pour le colonel El Coronel no tiene quien le escriba d'Arturo Ripstein © lcj

Au sujet de l'édition DVD : Pas de lettre pour le colonel d'Arturo Ripstein

Dans une décennie, les années 1990, où le cinéma mexicain était largement moribond, Arturo Ripstein a pu continuer à réaliser grâce à des coproductions avec l'Europe alors qu'il avait quelques décennies plus tôt acquis une renommée qui fit de lui un ambassadeur du cinéma mexicain, avant l'arrivée marquante des nouveaux visages de cette filmographie nationale à l'instar d'Alejandro González Iñárritu.

Arturo Ripstein n'a aucun complexe à cultiver un style baroque, tragique, antinaturaliste et anhistorique d'un film à l'autre où les interprètes sont l'essence de chaque scène. Ainsi, l'âme du film est à l'image de celle du personnage éponyme perdu dans une époque hors du temps où les gloires sont nécessairement associées au passé, pour ce colonel qui incarne l'esprit révolutionnaire athée du Mexique des années 1920.

En adaptant le roman original de Gabriel García Márquez évoquant l'histoire conflictuelle colombienne au XXe siècle au contexte mexicain, Arturo Ripstein n'a aucune difficulté pour imposer ses problématiques d'un monde peuplé de personnages enfermés dans un huis clos psychologique où la fatalité tragique de l'histoire politique a irrémédiablement figé toute une population. Ce choix de mise en scène renvoie d'ailleurs à l'idée du paradoxe de la « révolution institutionnalisée » et surtout de révolution confisquée et donc « congelée » pour reprendre le titre du film criant de lucidité de Raymundo Gleyzer.

Dès lors, le quotidien des personnages est amené sans cesse à se répéter sans le moindre réel espoir à venir. Au cœur de cette intrigue, le couple âgé reste le dernière espace d'humanité avec quelques points de tendresse dans un monde où la fatalité semble avoir emporté toute spontanéité politique.

Illustration 2

Pas de lettre pour le colonel
El Coronel no tiene quien le escriba
d'Arturo Ripstein
Avec : Fernando Luján (le colonel), Marisa Paredes (Lola), Salma Hayek (Julia), Rafael Inclán (le Père Ángel), Ernesto Yáñez (Don Sabas), Daniel Giménez Cacho (Nogales), Esteban Soberanes (Germán), Patricia Reyes Spíndola (Jacinta), Odiseo Bichir (Dr. Pardo), Julián Pastor (Lugones), Eugenio Lobo (Álvaro), Enrique Castillo (Ramón), Jorge Castillo (le facteur), Juana Garza (la père du mort), Mercedes Gironella (l'épouse du docteur), Eligio Meléndez (Sotero), Jacobo Atri Mizrahi (Efraín), Loló Navarro (Doña Amalia), Leticia Valenzuela (Lidia), Osami Kawano
Mexique, Espagne, France, 1999.
Durée : 112 min
Sortie en salles (France) : 2 juin 1999
Sortie France du DVD : 16 mars 2016
Format : 1,85 – Couleur
Langues : français, espagnol - Sous-titres : français.
Éditeur : LCJ Éditions

Bonus :
Filmographies de Salma Hayek et de Marisa Paredes

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.