Billet de blog 7 décembre 2021

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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La Havane 2021 : "Kokoloko" de Gerardo Naranjo

La passion impossible et destructrice entre Mundo et la jeune Marisol, violentée par son propre cousin, dans une petite ville côtière d’Oaxaca au Mexique.

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Film de la compétition long métrage de fiction de la 42e édition du Festival International du Nouveau Cinéma Latino-Américain de La Havane 2021 : Kokoloko de Gerardo Naranjo

Depuis le début des années 2000, Gerardo Naranjo a fait partie de la « nouvelle vague » du cinéma mexicain saluée par la critique internationale, notamment avec son Drama/mex (2006) présenté par la première à la Semaine de la Critique du festival de Cannes. Il est d’ailleurs revenu quelques années plus tard avec Miss Bala en sélection officielle d’Un Certain regard au festival de Cannes en 2011 avec l’acteur Noé Hernández dans un rôle mutique de personnage énigmatique et violent à l’égard d’une jeune Miss prise en étau dans la violence endémique des narcotrafiquants et de la corruption des fonctionnaires. Cette esthétisation de la violence l’a ensuite conduit à réaliser trois épisodes de la série Narcos en 2016.

Illustration 1
"Kokoloko" de Gerardo Naranjo © Dinatron

Avec Kokoloko, il poursuit cette thématique de la violence endémique au cœur de la relation entre un homme joué à nouveau Noé Hernández et une jeune femme violentée de toutes parts. La folie du titre est omniprésente et pour singulariser ce contexte, Gerardo Naranjo réaffirme sa fascination pour l’expérimentation pour la Nouvelle Vague française très affirmée dans son premier long métrage, Drama/Mex ou encore Voy a explotar. Il fait alors le choix ici d’une pellicule argentique en 16 mm avec son grain, sa couleur, son format carré utilisés comme une révolte contre l’uniformisation du numérique dans un cri qui se veut aussi fort que le drame par lequel les personnages doivent passer.

Noé Hernández, acteur capable de mettre à rude épreuve son corps et dénonçant par celui-ci la violence patriarcale endémique au Mexique, incarne pleinement la folie mise en scène et s’offre totalement aux désirs de Gerardo Naranjo. Le souci est en revanche du côté du scénario qui est bien mince et ne se sert pas du tout le contexte sociopolitique d’Oaxaca pour faire surgir en hors-champ une considération politique forte. Les expérimentations de Gerardo Naranjo sont les bienvenues mais elles auraient gagné à créer un dialogue plus large avec la réalité contemporaine de la société civile au Mexique. Au lieu de cela, il reste un film qui ne laisse pas indifférent mais qui se complaît un peu trop dans la démonstration de sa propre folie, en s’enfermant dans un monde très masculin sans pour autant offrir une vraie place au point de vue du personnage féminin déconsidéré en cours de route.

Kokoloko
de Gerardo Naranjo
Fiction
106 minutes. Mexique, 2020.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Noé Hernández (Mundo), Alejandra Herrera (Marisol), Eduardo Mendizábal (Mauro)
Scénario : Gerardo Naranjo, Gabriel Garcia Nava
Images : Gerardo Naranjo, José Stempa
Montage : Gerardo Naranjo, Erick Rodríguez Alonso
Casting : Andrea Abbiati, Isabel Cortázar
Production : Dinatron
Producteurs : Gerardo Naranjo, Gabriel Garcia Nava
Coproducteurs : Santiago Cendejas, Christian Cornejo Ávila
Producteurs associés : Angelica Granada, Moris Paola Magaña Corona
Venets internationales : Match factory

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