Billet de blog 8 janvier 2015

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Licorne d'Or 2014 : Ventos de agosto, de Gabriel Mascaro

34e Festival International du Film d’Amiens 2014 : Ventos de agosto, de Gabriel Mascaro

Cédric Lépine (avatar)

Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
© Desvia Filmes

34e Festival International du Film d’Amiens 2014 : Ventos de agosto, de Gabriel Mascaro

Après avoir quitté la ville, Shirley s’est installée dans un petit village de bord de mer chez sa grand-mère afin de s’occuper d’elle. Elle est tractoriste dans une plantation de noix de coco où travaille également son petit ami, Jeison. Shirley rêve de devenir artiste en tatouages.

Gabriel Mascaro est un jeune cinéaste brésilien qui s’était jusqu’ici consacré au cinéma documentaire avec The Beetle KFZ-1348 (2008), Um lugar ao sol (2009), Doméstica (2012). Cette première entrée dans la fiction cinématographique est immédiatement remarquée par une sélection au festival de Locarno en 2014 où le film remporte la Mention spéciale du jury et la Licorne d’Or 2014, le grand prix du Festival International du Film d’Amiens. La confrontation de deux univers apparemment antagoniques (milieux ruraux-urbains, mort-vie, jeunesse-vieillesse, homme-femme, etc.) dans Ventos de agosto est magique. En effet, la présence de cette jeune urbaine nonchalante, écoutant du rock sur une petite embarcation pendant que son petit ami plonge en apnée attire dès le début toute l’attention, autant que la mise en images de splendides décors naturels. Parfois, cette confrontation n’est pas sans rappeler les choix esthétiques de Lisandro Alonso, confrontant la nature au monde humain. Issu d’un cinéma documentaire qu’il maîtrise tout à fait, Gariel Mascaro compose son histoire avec plusieurs plans-séquences qui sont autant de captation du réel sans modification artificielle à apporter : ces images nourrissent autant le spectateur que le récit en lui-même. C’est bien le personnage central de Shirley qui vient porter toute la part de fiction : ses désirs, ses choix, ses angoisses. Tout cela communiqué au spectateur de manière naturelle, au rythme du quotidien, comme si la nature se laissait observer par elle-même. La caméra de Gabriel Mascaro, puisqu’il est également chef opérateur de son film, sait saisir les énergies de tous les éléments qu’il filme, les corps de ses personnages comme celle de la nature avec par exemple l’arrivée soudaine des vents d’août éponyme dans ce cadre paradisiaque. Il y a un peu de Flaherty dans cette démarche mais l’ingénuité en moins : rien de gratuit dans ce que filme Gabriel Mascaro. En effet, la beauté des corps, des paysages, de la lumière, des manifestations atmosphériques ne viennent jamais altérer son attention pour la place des individus dans la société et en l’occurrence celle du personnage interprété avec grâce par Dandara de Morais.

Ventos de agosto

de Gabriel Mascaro

Fiction

77 minutes. Brésil, 2014.

Couleur

Langue originale : portugais

avec : Dandara de Morais (Shirley), Geová Manoel Dos Santos (Jeison)

scénario : Rachel Ellis, Gabriel Mascaro

image : Gabriel Mascaro

son : Victoria Franzan, Moabe Filho, Mauricio D’ Orey

décor : Stefania Reis

montage : Ricardo Pretti, Eduardo Serrano

Production : Desvia Filmes (Brésil)

Productrice : Rachel Ellis

Vente internationale : FiGa Films

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.