Cinélatino 2023 : "Dos estaciones" de Juan Pablo González

Film en compétition fiction de la 35e édition du Festival Cinélatino, Rencontres de Toulouse du 25 mars au 2 avril 2023 : Dos estaciones de Juan Pablo González

Ce Grand prix coup de cœur reçu lors de l'édition du Festival Cinélatino, Rencontres de Toulouse est un récit inattendu reposant à la fois sur la forte interprétation de Teresa Sánchez en matriarche inédite et la description à la précision documentaire de la culture et de la fabrication de tequila dans l'État de Jalisco au Mexique. Le pouvoir de cette grande patronne n'est pas établi pour toujours car il est notamment mis en concurrence avec de nouvelles entreprises nord-américaines qui s'implantent à proximité de ses propres terres. C'est ce cadre vacillant en hors-champ qui vient inonder peu à peu l'intrigue avec une grande subtilité dans la description et la tension narrative. Teresa Sánchez est de toutes les séquences et autour de ses rencontres se révèle la description d'une société à l'économie certes fragile mais qui tente de se développer et s'organiser pour sa propre indépendance, à l'instar de ce salon coiffure.

La mise en scène choisie épouse parfaitement le rythme et l'atmosphère du Jalisco avec un regard d'autant plus enthousiaste qu'il participe à saisir au mieux la fiction qui en émerge. Le décor n'est donc pas ici un prétexte à la fiction, il est l'origine même de la fiction qui choisit notamment de s'incarner avec le composition toujours inspirée de Teresa Sánchez autour de son rôle de cheffe charismatique, tout en dignité et retenue, et ses moments plus légers où elle lâche ses propres doutes et sa vulnérabilité. Dans ce cadre en apparence bucolique, son personnage a dû batailler pour imposer sa place qui n'est plus remis en question à l'intérieur de son entreprise mais qui est cependant fragilisé par la confrontation économique avec le monde extérieur. Ici, point de menaces des narco-trafiquants mais une économie générale qui reste malgré tout fragile face à l'ordre néolibéral de la concurrence globalisée. La patronne représente alors ce pouvoir solitaire qui se permet de s'ouvrir quelque peu dans le duo qu'elle forme avec la jeune femme qu'elle emploie et qui doit l'assister au plus près de ses tâches. De ce dialogue naît deux lectures du Mexique contemporain par générations interposées dans une description aussi précise dans ce qu'elle montre que dans ce qu'elle laisse toujours supposée entre ce qui lie et se développe entre les personnages.

Dos estaciones
de Juan Pablo González
Fiction
99 minutes. Mexique, France, 2022.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Teresa Sánchez (María García), Rafaela Fuentes (Rafita), Tatín Vera (Tatís), Manuel García Rulfo (Pepe)
Scénario : Juan Pablo González, Ana Isabel Fernández, Ilana COleman
Images : Gerardo Guerra
Montage : Juan Pablo González, Lívia Serpa
Musique : Carmina Escobar
Son : Sofi Barragan, Aldonza Contreras, Filippo Restelli, Jean-Guy Veran
Premier assistant réalisateur : Joss Sánchez
Décors : Marianne Cebrián
Costumes : Constanza Martínez
Responsable des effets visuels : Stéphane Bidault
Scripte : Ilana Coleman, Jamie Gonçalves
Société de production : Sin Sitio Cine, In Vivo Films
Production : Makena Buchanan, Ilana Coleman, Jamie Gonçalves, Bruna Haddad
Production associée : Lizette Rivera, Joss Sánchez
Coproduction : Louise Bellicaud, Claire Charles-Gervais