Sortie nationale (France) du 14 juin 2023 : Crépuscule de Julio Bracho
Pour son sixième long métrage, après Aube différente (Distinto amanecer, 1943), Julio Bracho s'associe après Gabriel Figueroa avec un nouveau génie de l'image avec le chef opérateur Alex Phillips qui puise dans les ressources de l'expressionnisme au service de l'intrigue. Cette esthétique est en effet la plus adéquate pour un film noir qui dialogue à la fois avec Assurance sur la mort (Double Indemnity, 1944) de Billy Wilder autour d'un désir adultère qui se transforme en désir de mort de l'époux officiel et Laura (1944) d'Otto Preminger autour de l'obsession de la représentation d'une femme. La Déesse agenouillée (La Diosa arrodillada, 1947) de Roberto Gavaldón a repris quelques années plus tard aussi l'idée de la sculpture du corps d'une femme objet de désir pour un homme au préalable en tout point « respectable » pour la société bourgeoise.

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Bien avant El (1953) de Luis Buñuel, Arturo de Córdova composait déjà chez Julio Bracho un homme de la classe aisée qui perdait tous ses moyens pour une femme. Ici, l'acteur joue parfaitement par son regard tourmenté une torpeur des plus convaincantes. Julio Bracho contrebalance ce personnage masculin par une vraie place accordée aux deux protagonistes féminins : deux sœurs qui représentent l'amour interdit dans l'ombre et l'amour plus sage et lumineux mais sans réelle passion.
Derrière la caméra, Alex Philipps compose des plans d'une grande inventivité dans leur profondeur de champ notamment pour faire émerger un monde très inquiétant du tréfonds d'individualités torturées.
Crépuscule
Crepúsculo
de Julio Bracho
Fiction
105 minutes. Mexique, 1945.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Arturo de Córdova (Alejandro Mangino), Gloria Marín (Lucía), Julio Villarreal (le maître en psychiatrie), Manuel Arvide (Ricardo Molina), Octavio Martínez (Sebastián, le majordome), Felipe Montoya (le primitif), Manuel Noriega (le papa de Lucía), Jesús Valero (le sculpteur), Lilia Michel (Cristina), Lidia Franco (la mère de Lucía)
Scénario : Julio Bracho
Images : Alex Phillips
Montage : Jorge Busto
Musique : Raúl Lavista
Son : Howard E. Randall
Assistant réalisateur : Américo Fernández
Décors : Jorge Fernández
Maquillage : Noemí Wallace
Coiffure : Bertha Chiu
Costumes : Margaret Vogel
Production : Films Mundiales
Produit par : Mauricio de la Serna
Distributeur (France) : Les Films du Camélia