Sortie nationale (France) du 14 juin 2023 : Roberto la douceur de Fernando Méndez
Connu pour le succès de son film Les Proies du vampire (El Vampiro, 1957), Fernando Méndez réalisa au début de cette décennie avec Roberto la douceur (El Suavecito) un film inattendu en mettant au centre de l'intrigue un personnage éponyme qui cumule les raisons de ne pas éprouver d'empathie à son égard. Plus de la moitié de l'histoire consiste à suivre sur un ton badin l'attirance-répulsion d'une jeune femme à la conduite irréprochable, toujours prête à aider ses voisins et voisines de quartier, face à un proxénète décomplexé par son « business » tout en cultivant son attitude flegmatique lancinante. Ce n'est qu'après plus de la moitié du film que le ton plus dramatique du polar se fait jour avec un meurtre. Pour ce choix de nouvelle direction donnée à la narration, le film surprend et relance la curiosité alors que tout semblait jouer d'avance.

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L'attirance pour le bad guy, qui plus est lâche et poltron est courageuse dans une société où la morale chrétienne est omniprésente. Cette histoire d'amour impossible rappelle Duel au soleil (Duel in the Sun, 1949) de King Vidor en passant du western au film urbain de cabaret, avec scènes dansées et vie de quartier. Avec modestie et sans forcer sa mise en scène, Fernando Méndez signe une réalisation convaincante, associée à l'interprétation haute en couleur de Víctor Parra, avec un brin de cabotinage qui colle bien à son rôle. Ce n'est qu'en bout de course que le film révèle l'enjeu de son intrigue : une histoire d'amour impossible entre une fille modèle et un jouisseur misogyne qui finit par connaître une rédemption en même temps que son chemin de croix en bout de course.
Roberto la douceur
El Suavecito
de Fernando Méndez
Fiction
89 minutes. Mexique, 1951.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Víctor Parra (Roberto Ramírez 'El Suavecito'), Aurora Segura (Lupita), Dagoberto Rodríguez (Carlos Martínez), Jacqueline Evans (La Gringa), María Amelia de Torres (Doña Chole), Enrique del Castillo (Luis 'El Nene'), Gilberto González (un sbire de Nene), Manuel Dondé (un sbire de Nene), Eduardo Arozamena (le père de Lupita), Federico Curiel (El Brillantina), Alicia Gamboa, Rosa María Ladrón de Guevara, Amada Dosamantes
Scénario : Gabriel Ramírez Osante
Images : Manuel Gómez Urquiza
Montage : Carlos Savage
Musique : Gustavo César Carrión
Son : Francisco Alcayde, Enrique Rodríguez
Assistant réalisateur : Américo Fernández
Décors : Jorge Fernández
Maquillage : Sara Herrera
Production : Cinematográfica Intercontinental
Producteur : Raúl de Anda
Distributeur (France) : Les Films du Camélia