Sortie nationale (France) du 14 mai 2014.
Dans les années 1920, alors que la révolution mexicaine est en train de s’institutionnaliser, le président Plutarco Elias Calles met en vigueur les lois limitant la liberté du culte catholique dans tout le pays. Le mécontentement gronde et le gouvernement y répond à travers une sanglante répression.

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Étrange film que celui-ci qui sort sur les écrans français en mai 2014. Ce film de près de 2h30 y trouvera-t-il sa place et son public ? Le film est produit et tourné au Mexique, même si les dialogues sont en anglais, à part quelques exceptions en espagnol, afin de satisfaire un besoin irrépressible d’exotisme. La troupe d’acteurs est internationale : si la tête d’affiche est portée par l’acteur venu des États-Unis Andy Garcia, on trouve à ses côtés des acteurs de Colombie, du Venezuela, de Colombie et même du Mexique ! C’est que ce film est l’un des plus chers du cinéma mexicain de ces dix dernières années (plus 110 millions de pesos) et que l’enjeu pour le rentabiliser est de pouvoir exploiter le film au niveau international. La forme est d’un classicisme des plus désuets, sans aucune personnalité de mise en scène : le réalisateur (dont c’est le premier long métrage en tant que réalisateur, ayant signé jusque-là les effets visuels de grandes productions hollywoodiennes) n’est là que pour mettre en images des événements le plus souvent guerriers où des hommes souffrent le martyr. Les méchants sont spécialement méchants et sadiques, les soldats fédéraux meurent comme les Indiens des westerns des anciens temps, c’est-à-dire comme des ennemis totalement déshumanisés et qui méritent donc de tomber comme des mouches sous nos yeux.
Le film commence par le discours du président mexicain Calles annonçant ses mesures et la répression qui s’ensuivit. Or, aucune explication historique et politique n’est apportée pour comprendre le contexte amenant à cette décision. Dès lors, le spectateur est contraint de suivre aveuglément ceux qui souffrent et qui deviendront martyrs ou Cristeros, l’armée des fidèles de Dieu. Évidemment, il était pertinent de faire connaître cette face sombre et sanglante de l’histoire mexicaine au reste du monde. Mais le spectateur en est souvent abusé : le sous-titre anglais The True Story of Cristiada « la vraie histoire de la Christiade » en atteste. Le scénario, même s’il a pu être enrichi des riches travaux de l’historien Jean Meyer sur le sujet, n’a aucune prétention à présenter une vérité historique au goût du jour. L’histoire est plutôt au service d’un militantisme catholique évident lorsqu’au générique la mort de plusieurs personnages est justifiée par leur béatification au XXIe siècle par le pape Benoît XVI. Autrement dit, « leurs causes étaient justes, c’est le Pape qui en atteste. » Or, c’est un propos un peu plus ouvert que le spectateur de la salle de cinéma est en droit d’attendre. Sur le même sujet, il est regrettable que soit resté inédit des écrans français Los Últimos Cristeros du cinéaste mexicain Matías Meyer (fils de Jean) qui propose une toute autre expérience sensorielle et esthétique de cette période historique. Seule la partie des tractations diplomatiques menée en parallèle des luttes vient apporter un témoignage intéressant, proposant un contrepoint aux luttes de ceux qui se battent sur le terrain et mourront les armes à la main. C’est là une partie qui aurait gagné à être développée et aurait d’ailleurs pu permettre de justifier l’usage de la langue anglaise.

Cristeros
For Greater Glory – The True Story of Cristiada
de Dean Wright
Fiction
143 minutes. Mexique, 2012.
Couleur
Langue originale : anglais
Avec : Andy García (Enrique Gorostieta), Oscar Isaac (Victoriano Ramirez dit “Catorce”), Catalina Sandino (Adriana), Santiago Cabrera (le Père Vega), Rubén Blades (le Président Calles), Bruce McGill (le Président Coolidge), Adrián Alonso (Lalo), Eva Longoria (Tulita Gorostieta), Peter O’Toole (le Père Christopher), Eduardo Verástegui (Anacleto Gonzales Flores), Mauricio Kuri (José), Nestor Carbonell (le maire Picazo), Karyme Lozano (la mère de José), Bruce Greenwood (l’ambassadeur Dwight Morrow)
Scénario : Michael Love
Images : Eduardo Martínez Solares
Montage : Richard Francis-Bruce, Mike Oden Jackson
Directeur artistique : Salvador Parra
Production : Dos Corazones Films, NewLand Films
Producteur : Pablo José Barroso
Distributeur français : Saje Distribution