Pour la 68e édition du Festival de Cannes, la cinématographie venue d’Amérique latine est numériquement discrète mais présente dans chaque section. Ainsi, on trouve en sélection officielle le film mexicain Chronic de Michel Franco qui avait auparavant réalisé Ana y Daniel (2009), Después de Lucía (2012). Dans la sélection Un Certain Regard, un autre cinéaste mexicain présente son deuxième long métrage (après La Vida después, 2013) : il s’agit de David Pablos avec Las Elegidas. Le second film venu du continent latino est également un deuxième film, intitulé Alias María de José Luis Rugeles (García, 2010). Pour Cannes Classic, deux films argentins sont à l’honneur en copies restaurées : Sur (1988) de Fernando Solanas et La Historia oficial (1985) de Luis Puenzo. De son côté, le court argentin Presente imperfecto d’Iair Said est en compétition pour la Palme d’Or du court métrage. Et pour finir, il faut encore citer la Cinéfondation avec le court métrage El ser magnético de Mateo Bendesky (Argentine), Locas perdidas d’Ignacio Juricic Merillán (Chili) et Anfibio de Héctor Silva Núñez (Cuba). Quelques semaines avant l’annonce officielle de cette sélection 2015, Thierry Frémaux, le délégué général du festival de Cannes, présentait le festival et quelques-uns de ses liens avec les cinémas d’Amérique latine dans l’échange suivant.

Quelle est la ligne éditoriale du festival ?
Thierry Frémaux : C'est une question bien trop large pour être abordée ainsi. Disons que Cannes est un double voyage dans le cinéma mondial. Un voyage esthétique : le festival est une sorte d'instantané de l'état des tendances de la mise en scène, des sujets, des jeunes auteurs ; un voyage géographique : Cannes fait chaque année une photographie des forces à l'œuvre dans le cinéma mondial. Sur une demi-décennie, on a ainsi une description assez précise de la place du cinéma dans nos vies.
Quelle est la place du cinéma latino américain dans le festival ?
T. F. : Cannes a un devoir de trouver des équilibres à l'intérieur de la programmation et l'équilibre géopolitique en est l'un des plus importants. On ne peut se passer de tel ou tel pays, de tel ou tel continent, même s'il nous arrive de le faire en cas de disette absolue. Le cinéma latino est un cinéma qui a une histoire, un passé et un prestige. Certains pays courent après ce passé et d'autres (Argentine, Mexique) sont en plein forme. Cannes peut s'enorgueillir d'avoir contribuer à faire émerger et à avoir accompagné les nouvelles générations de cinéastes de Buenos Aires et de Mexico, que ça soit en compétition, ou au Certain Regard. Et de leurs côtés, la Quinzaine et la Semaine de la Critique font aussi un gros travail de découverte.
Comment ces œuvres sont-elles sélectionnées ?
T. F. : Nous avons des correspondants, des conseils, des amis. Mais le plus important est d'être en contact direct avec les cinéastes et les producteurs et de travailler en étroite proximité. C'est ce qui se passe. Après, il y a aussi les jeunes et les inconnus, qui s'inscrivent. On regarde les films avec le même intérêt car c'est souvent ainsi qu'on découvre de beaux inconnus.