Billet de blog 10 mai 2017

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Une masculinité au fond du trou

Dans sa grande maison, Joaquín vit reclus sur sa chaise roulante avec pour seule compagnie celle de son chien moribond. Berta et sa jeune fille brisent ce morne quotidien lorsqu’elles viennent louer une chambre à l’étage. Pendant ce temps, Joaquín découvre de l’autre côté de son mur qu’une bande criminelle est en train de préparer le casse d’une banque en creusant un tunnel.

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Illustration 1
"Au bout du tunnel" de Rodrigo Grande © DR

Sortie DVD : Au bout du tunnel de Rodrigo Grande

Qu’est-ce qui attend pour chacun des personnages de ce film au bout dudit tunnel ? Une nouvelle vie pour certains, la mort pour d’autres. Pas de demi-mesure pour un film de genre s’inscrivant dans la tradition du film noir mâtiné de thriller, avec un léger soupçon de romance (si peu) et un plus large de film de casse. Le film est porté par l’acteur argentin Leonardo Sbaraglia qui depuis trente ans a acquis une grande expérience en matière d’interprétation en jouant sous la direction de Eliseo Subiela, Marcelo Piñeyro, Luis Puenzo, Gerardo Herrero, Anahí Berneri, Damián Szifron, Marco Dutra et récemment avec Adrián Caetano. L’acteur se trouve dans une situation égale à James Stewart dans Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock (1954) : c’est le charisme de l’acteur qui est censé habiter son personnage alors que celui-ci est en situation de handicap. Autrement dit, le défi du réalisateur était de faire un film d’action avec un personnage principal extrêmement contraint dans ses actions. À la différence d’Hitchcock, Rodrigo Grande n’exploite pas beaucoup la psychologie et la personnalité de son personnage en chaise roulante pour motiver ses choix à venir. Bien au contraire, sa décision de profiter de l’argent du casse de la banque à l’insu des malfrats, arrive subitement afin de faire commencer le film de genre. Il a fallu attendre longtemps ce moment pour avoir ce concentré d’efficacité dans le récit et un suspense insoutenable quant à l’issue des séquences. Le film tourne un peu en rond durant les deux premiers tiers, le réalisateur ne sachant pas rendre crédible la possible romance entre ses protagonistes avec un personnage féminin une fois de plus cantonné au rôle de faire valoir masculin, véritable butin entre deux mâles, le gentil et le méchant. Pour sexualiser encore davantage la femme, celle-ci est stripteaseuse et offre à son hôte une danse lascive. À plusieurs reprises elle est filmée avec une caméra penchant entre voyeurisme et lubricité gratuite. En définitive, le film souffre d’une atmosphère assez misogyne où à plusieurs reprises les personnages ne cessent de rappeler que les problèmes sont causés par les femmes ! Cette affaire de vol serait donc au final un prétexte à dévoiler la psyché archétypale du macho contemporain ? Comme les personnages du film, il suffit de creuser pour voir et savoir.

Illustration 2

Au bout du tunnel
Al final del túnel
de Rodrigo Grande
Avec : Leonardo Sbaraglia (Joaquín), Pablo Echarri (Galereto), Clara Lago (Berta), Javier Godino (Zurdo), Federico Luppi (Guttman).
Argentine, Espagne – 2015.
Durée : 115 min
Sortie en salles (France) : inédit
Sortie France du DVD : 26 avril 2017
Format : 2,35 – Couleur
Langues : français, espagnol - Sous-titres : français.
Éditeur : Koba Films
Bonus :
Making of

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