Billet de blog 10 juin 2023

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Le Médaillon du crime" (El Medallón del crimen : El 13 de oro) de Juan Bustillo Oro

Un employé d'une entreprise marié et qui n'a jamais fait d'incartade, se met à boire pour le 31 décembre et se met à séduire une femme qui est la compagne d'un dangereux assassin.

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Sortie nationale (France) du 14 juin 2023 : Le Médaillon du crime (El Medallón del crimen : El 13 de oro) de Juan Bustillo Oro

Comme Roberto la douceur (El Suavecito, 1951) de Fernando Méndez, Le Médaillon du crime (El medallón del crimen, El 13 de oro) débute sur un ton léger avant de plonger dans le film noir. Ainsi, le quotidien d'un employé de bureau qui ne pense qu'à son travail et respecte le contrat marital change du tout au tout lorsqu'il se laisse griser avec quelques coupes de champagne par l'ivresse d'une autre vie jusqu'ici inaccessible. La dynamique s'enchaîne et ce citoyen modèle de la ville de Mexico se retrouve confronté à un meurtre.

Illustration 1
El Medallón del crimen : El 13 de oro de Juan Bustillo Oro © Les Films du Camélia

La proposition de cinéma joue sur l'essence de cet art du spectacle qui consiste à faire vivre émotionnellement à son public des situations auquel il n'est pas censé être confronté dans son quotidien. La voix du narrateur omniscient en ouverture du film propose dès lors un conte moral où le bien et le mal, dans une lecture chrétienne de l'histoire, se confrontent pour mieux affirmer des identités tranchées. Le méchant de l'histoire a quant à lui la gâchette facile et tue de sang froid nombre des personnes auprès desquelles il voit un obstacle. Aucune empathie n'est possible avec lui, même si sa folie laisse entrevoir une humanité perturbée.

Le conte moral s'inscrit dans le danger pour tout homme de la bonne société, modeste employé frustré de voir son évolution sociale au point mort depuis plusieurs années, tenté par les interdits au premier rang duquel se trouve la tentation de l'adultère après l'ivresse longtemps interdite elle aussi. Ce personnage est également en souffrance en raison de la mort de son jeune enfant mais ce contexte ne sera guère pertinent dans l'intrigue en dehors du fait que le protagoniste tente d'oublier sa souffrance et son deuil en plongeant dans son travail.

Le scénario se révèle plus malin qu'on ne pouvait l'espérer, notamment avec une série de quiproquos plutôt bien agencés. Si la photographie est bien loin de l'inspiration éclairée d'un Gabriel Figueroa ou encore d'un Alex Phillips, notamment en raison de nombreuses maladresses, des hésitations dans quelques mouvements de caméra, le film n'en pâtit pas trop et offre un récit à l'intrigue palpitante.

Le Médaillon du crime
El medallón del crimen (El 13 de oro)
de Juan Bustillo Oro
Fiction
93 minutes. Mexique, 1956.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Rosario Granados (María González), Manolo Fábregas (Raúl González), Rita Macedo (María Álvarez), Silvia Derbez (Carmen Álvarez), Wolf Ruvinskis (Ramón Torres), Eduardo Alcaraz (Ramiro), Manuel Arvide (le chef de la police), Rafael Banquells (Valle), Miguel Córcega (Ricardo Solares), Jorgito Kreutzmann (Carlitos), Fernando Mendoza (Carmona), Celia Manzano (l'épouse de Ricardo), Rafael Estrada (Rafael), José Muñoz (López, l'agent de police), Josefina Leiner (l'apothicaire)
Scénario : Juan Bustillo Oro, Antonio Helú
Images : Ezequiel Carrasco
Montage : Gloria Schoemann
Son : Bernardo Cabrera
Assistant réalisateur : Valerio Olivo
Décors : Manuel Fábregas
Directeur artistique : Javier Torres Torija
Production : Tele Talia Films
Producteur : Jesús Grovas
Producteur exécutif : Adolfo Grovas
Distributeur (France) : Les Films du Camélia

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