Billet de blog 10 octobre 2015

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Cédric Lépine

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Viva Mexico 2015 : « Eddie Reynolds y Los Ángeles de Acero » de Gustavo Moheno

Bono de U2 tombe sous le charme d’une chanson d’Eddie Reynolds y Los Ángeles de Acero, groupe de rock mexicain dont les membres se sont entre temps séparés.

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Illustration 1
© Abracadabra Producciones

Bono de U2 tombe sous le charme d’une chanson d’Eddie Reynolds y Los Ángeles de Acero, groupe de rock mexicain dont les membres se sont entre temps séparés. Quand Eddie, leader du groupe devenu chanteur de mariages, apprend la nouvelle, il s’empresse de retrouver ses comparses afin de pouvoir vendre ses droits et jouir de cette somme. Mais entre Eddie et Santos, le guitariste, l’histoire passée est quelque mouvementée, notamment marquée par la trahison.

Après un film de terreur, Gustavo Moheno réalise une comédie sur le thème de rockeurs qui font leur retour sur scène trente ans après l’avoir quittée. Le scénario débute à l’instar du Space Cowboys de Clint Eastwood où des légendes masculines étaient sorties de leur retraite létargique pour répondre à l’appel du monde. L’équipe d’Eddie Reynolds ne va pas sauver le monde ni même révolutionner la musique. Attirés par l’appât du gain, ses menbres vont vouloir faire revivre l’énergie qui était la leur par le passé. La comédie joue sur la confrontation entre passé et modernité, l’un toujours marqué par des références machistes, le goût immodéré pour la musique, et l’autre où la modernité s’affirme par une adolescente qui devient leur manager pour les diriger de main de maître dans un monde où la notoriété passe par Internet et les réseaux sociaux. Cette confrontation entre mondes passé et modernes est un ressort classique de la comédie, souvent pour tempérer hélas un peu trop un monde passéiste et conservateur dont la mise en scène tant à pardonner les erreurs comme si elles étaient finalement anodines. C’est le parti pris qu’a choisi de suivre l’équipe du film. Ainsi, le groupe musical est constitué d’éternels adolescents qui ont besoin d’une femme pour assurer le rôle de leur mère et les rappeler à leurs responsabilités. La misogynie fleure bon ici et aucune remise en cause ne semble pouvoir opérer l’ombre d’un léger cheminement. Ainsi, plusieurs plans sur la nudité exhibée de Natalia, la jeune petite amie d’Eddie, invite le spectateur à faire de celle-ci un objet purement sexuel. C’est un bien triste constat offert à Paulina Gaitan, l’interprète de Natalia, à laquelle il avait été offert des rôles bien plus honnêtes (Sin nombre, Somos lo que hay). Il suffit encore de repenser à la lourde blague machiste où il s’agit pour un rocker qui veut entrer dans la légende de sodomiser une femme avec un requin : de la blague, on passe au désir d’un passage à l’acte qui est censé offrir au spectateur une scène comique. Le film aurait vraiment pu donner lieu à une véritable comédie si le machisme était réellement tourné en dérision. Or tel n’est pas le cas et l’une des morales de l’histoire consiste à acter de fait que les hommes et leurs attitudes irresponsables ne changeront mais qu’au fond, puisqu’ils sont bien sympathiques, on peut bien le leur pardonner. Ce choix est plus que regrettable d’autant plus que le film a bénéficié du talent d’acteurs de la trempe de Damián Alcázar qui apparaît ici quelque peu en roue libre, faute d’une réelle direction d’acteurs, un montage paresseux et un film qui n’a rien de rock’n roll par sa forme louchant vers un esprit conservateur. Seul le jeu distancié d’Arturo Ríos incarnant un borderline Santos est au final celui qui retient le plus l’attention : dommage que l’alchimie ne marche guère dans le duo formé avec Damián Alcázar et qu’il reste soumis à l’état d’esprit général du film.

Eddie Reynolds y Los Ángeles de Acero

de Gustavo Moheno

Fiction

106 minutes. Mexique, 2014.

Couleur

Langue originale : espagnol

avec : Damián Alcázar (Lalo / Eddie), Arturo Ríos (Santos), Álvaro Guerrero (Ulises), Jorge Zárate (Fernando), Dolores Heredia (Teresa), Paulina Gaitan (Natalia), Vico Escorcia (Lucía), Sebastián Zurita (Tony Rivas), Pavel Sfera ('Bono'), Fernando Villa Proal (Santos Jr.), José Sefami (Gallo), Luis Fernando Peña (Betito), Alfonso Figueroa (le musicien ambulant), Veronica Falcón (la réceptionniste de l’hôtel), Mónica Maci (Jackie), Daniela Soto Vell (Paty), Kristyan Ferrer (Lalo, jeune), Lucía Carreras

scénario : Carlos Enderle, Gustavo Moheno, Angel Pulido

images : Alejandro Cantú

montage : Edson Ramírez

1er assistant réalisateur : José Ramón Chávez

musique : Benjamin Shwartz

décor : Lizette Ponce

casting : Natalia Beristáin

costumes : Gabriela Fernandez

Production : Abracadabra Producciones

Productrice : Sandrine Molto

Producteurs associés : Gustavo Moheno, Ángel Pulido

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