Film de la programmation du Festival de Cinéma Travelling de Rennes 2023 : La Buena vida d'Andrés Wood
Après le succès critique et public de Mon ami Machuca (2004), Andrés Wood propose une histoire contemporaine située à Santiago. Les trois histoires qui s'entremêlent et se suivent dans la même temporalité sont l'opportunité pour le réalisateur d'interroger à nouveau la mémoire du pays avec les conséquences de la dictature dans le monde actuel. En l'occurrence, l'un des héritages dans lequel s'est englué le Chili de manière sournoise comme un cancer attaquant la vitalité du corps social, a pour nom néolibéralisme forcené et prend la forme dérisoire dans le film de l'économie des restes des défunts vendus selon plusieurs formules ou encore de la chirurgie esthétique où le corps est attaqué dans son intégrité pour devenir une marchandise transformable à merci.
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De même, les liens sociaux se sont délités notamment avec des relations familiales qui ont littéralement explosées sous le poids de l'individualisme. Car ces trois trajectoires sont avant tout celle d'êtres souffrant de choix qui les conduit dans un isolement humain qui leur pèse toujours plus. Ainsi, par exemple, un homme doit choisir entre l'achat d'une voiture et la prise en charge des restes du corps de son père défunt. Entre ces personnages principaux, erre un être torturé et abandonné de l'ensemble de la société dont l'existence est lié à la tragédie. La somme de ces portraits forme un portrait kaléidoscopique de Santiago porté par une pléiade d'acteurs et d'actrices à la psychologie vibrante. Ainsi, Alfredo Castro apparaît ici dans un rôle secondaire au moment où il s'apprête à atteindre une grande notoriété avec son rôle inoubliable dans Tony Manero (2008) de Pablo Larraín. Face à lui, Aline Küppenheim compose un être complexe aussi intense que fragile qui recherche désespérément l'équilibre dans sa vie au moment où elle découvre qu'elle a perdu la confiance de sa fille dont elle découvre la grossesse dans un pays où le droit à l'avortement est encore inaccessible.
Si le film n'est pas dans la forme de ses plans et prises de vue inventif, sa narration s'appuie sur un sens du rythme et permet de saisir avec efficacité l'encapsulement des problématiques d'une époque.
La Buena vida
d'Andrés Wood
Fiction
108 minutes. Argentine, Espagne, Royaume-Uni, France, 2008.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Aline Küppenheim (Teresa), Roberto Farías (Edmundo), Eduardo Paxeco (Mario), Paula Sotelo (Patricia), Alfredo Castro (Jorge), Manuela Martelli (Paula), Francisco Acuña (Lucas), Manuela Oyarzún (Esmeralda), Hernán Lacalle (Ramón), Carolina Correa (Rita López), Aldo Parodi (Pablo), Marcial Edwards (Agustín Letelier), Hugo Medina (Pepe), Francisca Rojo (l'employée des pompes funèbres), Bélgica Castro (Leonor), Cristóbal Aldea (le père d'Edmundo), Jorge Alís (Raúl), Daniel Arellano (Rolo), Teresa Berríos (l'épouse de Gabriel), María Luisa Correa (María), Marcela de la Carrera (Filomena), Elvis Fuentes (Gerardo), Jimmy Dan 'Enzo' Guzmán (Adán), Roberto Illanes (Antonio), Agatha Krauze (Astride), Alison León (Eva), Marcela Orrego (la fille de Gabriel), Andrés Ortega (le petit ami de Paula), Norma Norma Ortiz (Lupe), Paola Soto (Gladis), Ana María Zabala (Dr. Arancibia), Pilar Zderich (Alejandra Palma), Nelson Alvarado, Luis Roque, Julio González Littin, Ivonne Gallardo Leiva, Gerardo Orchard
Scénario : Mamoun Hassan d'après une idée de Rodrigo Bazaes
Images : Miguel Ioann Littin Menz
Montage : Andrea Chignoli
Musique : Miguel Miranda, José Miguel Tobar
Son : Miguel Hormazábal
Costumes : Carolina Espina
Direction artistique : Rodrigo Bazaes, Estefania Larrain
Décors : Eduardo Castro
Production : Diego Dubcovsky, Mamoun Hassan, Gerardo Herrero, Andrés Wood
Production exécutive : Alejandra Garcia, Patricio Pereira, Nathalie Trafford