Sortie nationale (France) du 14 septembre 2022 : Los Sonámbulos de Paula Hernández
Dans la continuité avec son précédent long métrage Un amor (2011), la réalisatrice argentine Paula Hernández poursuit son questionnement du couple et de la famille autour notamment du portrait d'une femme épouse qui a du mal à affirmer ses goûts et choix de vie. Cet enfermement marital a cette fois des répercussions sur le reste de la famille et notamment sa propre fille adolescente connectée à la signification du silence de sa mère. La famille paternelle devient un lieu anxiogène où les vies de chacun et chacune sont intégrées de force, de l'activité professionnelle d'une maison d'édition où tous les membres de la famille se trouvent, aux retrouvailles dans la maison familiale pour faire famille alors que les failles commencent à poser question jusqu'au drame qui s'impose comme la tragédie inéluctable, conséquente de tout le malaise familial.
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L'espace familial est en outre marqué par le poids patriarcal d'un espace géré par un père adultère aujourd'hui décédé mais qui impose encore le poids d'un ordre traditionnel dont les fils ont du mal à se défaire. La veuve du patriarche n'a ainsi pas de regret à se détacher de cette maison marquée de cette empreinte alors qu'Emilio, l'époux de Luisa, tente de s'affirmer comme le continuateur de son père en refusant la vente de la maison. D'autres hommes de la famille réagissent différemment aux conséquences plus ou moins tragiques, mais chacun affirme malgré tout, souvent inconsciemment, son pouvoir d'oppression et de prédation masculines.
Le scénario original de Paula Hernández s'attache à développer de fins portraits psychologiques pour saisir une histoire de famille à mots couverts dont les indices apparaissent progressivement dans les interactions entre les personnages. Le choix d'Erica Rivas dans le rôle de l'épouse devenue traductrice pour intégrer la famille en étouffant son désir d'auteure, est particulièrement perspicace pour la force de son interprétation capable de saisir toutes les nuances de son personnage dans chacun de ses échanges. Les acteurs masculins ne sont pas en reste, partageant là une admirable complicité dans le projet de la réalisatrice, scénariste et productrice, dans un film indépendant d'une maîtrise admirable dans la condensation très expressive de ses thématiques.
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Los Sonámbulos
de Paula Hernández
Fiction
107 minutes. Argentine, Uruguay, 2018.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Erica Rivas (Luisa), Ornella D'Elía (Ana), Marilú Marini (Memé), Luis Ziembrowski (Emilio), Daniel Hendler (Sergio), Rafael Federman (Alejo), Valeria Lois (Inés), Gloria Demassi (Hilda), Teo Inama Chiabrando (Martín), Simón Goldzen (Enano), Eithán Bulacio (le bébé), Alejandro Pinnejas (l'homme de l'agence immobilière)
Scénario : Paula Hernández
Images : Iván Gierasinchuk
Montage : Rosario Suárez
Musique : Pedro Onetto
Son : Martín Grignaschi
Directeur artistique : Aili Chen
Costumes : Monica Toschi
Casting: Maria Laura Berch
Production : Tarea Fina
Coproduction : Oriental Films
Producteurs : Paula Hernández, Juan Pablo Miller
Producteur exécutif : Juan Pablo Miller
Coproducteurs : Santiago López, Diego Robino
Directeur de production : Gastón Grazide
Distributeur (France) : Bodega Films