Billet de blog 11 novembre 2022

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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"Estación Catorce" de Diana Cardozo

Dans un village mexicain, une violente et attaque armée d'un groupe d'hommes laisse des morts. Du haut de ses 7 ans, Luis découvre ce monde qui le dépasse aux côtés de son père qui l'admire mais dont le comportement ne répond pas toujours à ses attentes.

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Sortie nationale (France) du 9 novembre 2022 : Estación Catorce de Diana Cardozo

Comment la violence armée de la prise de possession de zones du Mexique génère une situation trouble pour toutes et tous : tel est le point de départ de l'intrigue de ce film réalisé par Diana Cardozo à partir du point de vue d'un garçon de 7 ans. Celui-ci passe son temps à jouer avec ses amis et à suivre au plus près son père qui doit notamment accomplir tout un parcours tortueux en vélo pour arriver au bout de son périple. Dans la relation étroite entre un père en situation économique précaire qui s'acharne à offrir ce qu'il y a de mieux selon lui à son fils (ici un ballon de football), on retrouve la dynamique à l'œuvre dans l'immortel Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette, 1948) de Vittorio de Sica dans un contexte différent de reconstruction sociale que l'Italie de l'après-guerre puisque le Mexique est encore actuellement soumise à une guerre omniprésente conséquente du pouvoir des narcotrafiquants.

Illustration 1
Estación Catorce de Diana Cardozo © Bobine Films

Avec le regard du jeune Luis, le scénario original de Diana Cardozo suit la fin d'une innocence ou comment chaque repère structurant de la société est remis en question. Seule l'école semble le lieu régulier qui tente de préserver et de prendre en compte la violence extérieure afin de protéger les enfants. Les moments de jeu entre les enfants sont aussi implicitement des stratégies pour prendre de la distance face à une situation traumatique et anxiogène suite à un massacre.

Le point de vue perturbant ici est de montrer une part de responsabilité dans ce drame de chaque habitant.e puisqu'une partie vont profiter de l'assassinat et de la destruction avec un pillage déconcertant. Il est même probable que cet assassinat ait eu lieu à la suite d'une dénonciation. Tout est trop inconfortable à saisir pour penser l'équilibre social, aussi le regard de l'enfant est appelé vers d'autres horizons tout en restant un témoin sensible de premier plan.

La délicatesse de la mise en scène de Diana Cardozo consiste à ne jamais perdre le regard de l'enfant par rapport au monde adulte embrassant des figures mythologiques pour mettre en scène des situations inextricables, comme les efforts infructueux d'un homme pour sortir de sa détresse économique et dont le dénouement flirte aux frontières avec le surréalisme dans une basse-cour.

Illustration 2

Estación Catorce
de Diana Cardozo
Fiction
89 minutes. Mexique, 2021.
Couleur
Langue originale : espagnol

Avec : Gael Vázquez (Luis), José Antonio Becerril (Manuel), Yoshira Escárrega (Gaby), Lourdes Elizarras (Lupita), Margarita Hernández (Margarita), Karla Belén Banda (Ana), Brayan Jaramillo (Francisco)
Scénario : Diana Cardozo
Images : Martin Boege
Montage : Mariana Rodriguez
Musique : Alejandro Castaños
Son : Isabel Muñoz
1er assistant réalisateur : Abraham Robert
Directeur artistique : Claudio Contreras
Costumes : Mariestela Fernandez, Adolfo Cruz
Scripte : J. Luis Rivera
Directeur de production : Diana Cardozo, Martin Boege
Producteurs associés : Monica Lozano, Julian Bolaños, Paula Del Cioppo Production : Agalma Imcine (Foprocine)
Producteurs exécutif : Mario Zamacona
Coproduction : Estudios Churubusco Azteca
Ventes internationales : Figa Films
Distributeur (France) : Bobine Films

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