Billet de blog 11 décembre 2014

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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De la beauté des failles de la virilité

Sortie nationale (France) du 10 décembre 2014 : Praia do futuro, de Karim Aïnouz. Donato, secouriste sur la plage brésilienne Praia do futuro, est aux petits soins de son jeune frère Ayrton. Il tombe amoureux fou d’un touriste allemand dont l’ami vient de se noyer. Donato décide de tout quitter et de suivre son amant en Allemagne.

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Illustration 1
© Épicentre Films

Sortie nationale (France) du 10 décembre 2014 : Praia do futuro, de Karim Aïnouz. Donato, secouriste sur la plage brésilienne Praia do futuro, est aux petits soins de son jeune frère Ayrton. Il tombe amoureux fou d’un touriste allemand dont l’ami vient de se noyer. Donato décide de tout quitter et de suivre son amant en Allemagne.

 Praia do futuro :le titre de ce film est une invitation à rêver en même temps qu’à voyager. Et de fait, il traduit très bien l’état émotionnel des personnages principaux, pris entre différents mondes : Brésil/ Allemagne, frère/amant, vivants/morts, terre des parcours en moto / plage des activités nautiques… Dès son premier long métrage Madama Satã en 2002, Karim Aïnouz a construit une œuvre personnelle parcourue par des thèmes récurrents. Il retrouve ici son coscénariste sur Le Ciel de Suely, mais au lieu de faire un portrait psychologique d’une femme au Brésil, c’est ici un trio d’hommes en plein questionnements qui est au cœur de ce film. Les hommes ici sont peu loquaces et le cinéaste s’attache à les rendre expressif à travers leur corps. La direction d’acteurs est à cet égard d’une indéniable efficacité, doublée d’une interprétation sans faute de l’excellent Wagner Moura ! Karim Aïnouz va chercher la part d’humanité autour des failles d’hommes incarnant la représentation de la virilité, par leur corps même, leurs attitudes et leur « communication » avec la mécanique motorisée. L’histoire est scindée en chapitres, ajoutant une dimension dramatique, comme si les parcours de vie étaient préalablement écrits, comme pour une tragédie. Le film ne se place plus du côté du réalisme social comme dans Le Ciel de Suely mais dans un lieu abstrait chargé de sensations directement connecté avec l’univers mental ineffable de l’auteur lui-même. Ce qui marque le plus en effet, c’est la construction plastique du film qui est l’objet d’une mise en scène proprement dite. L’histoire est parfois mise de côté, ce qui peut conduire le spectateur à se sentir délaissé en cours de route, malgré la beauté stupéfiante des images ! Il semblerait que le cinéaste se soit retrouvé lui-même un peu perdu ou bien trop à cheval entre d’un côté sa position de cinéaste humaniste et de l’autre son univers plasticien touché par les formes.

Illustration 2

Praia do futuro

Praia do futuro

de Karim Aïnouz

Fiction

107 minutes. Brésil - Allemagne, 2014.

Couleur

Langue originale : portugais, allemand

Avec : Wagner Moura (Donato), Clemens Schick (Konrad), Jesuíta Barbosa (Ayrton à 18 ans), Fred Lima (Heiko), Savio Ygor Ramos (Ayrton à 10 ans)

Scénario : Felipe Bragança, Karim Aïnouz

Images : Ali Olay Gözkaya

Montage : Isabela Monteiro de Castro

Musique : Hauschka

Son : Waldier Xavier, Matthias Schwab

Costumes : Camila Soares

Casting : Armando Praça Uwe, Antje Bünker

Production : Coração da Selva (Brésil), Hank Levine Film (Allemagne), Detailfilm (Allemagne)

Coproduction : Watchmen Productions

Producteurs : Geórgia Costa Araújo, Hank Levine

Coproducteurs : Fabian Gasmia, Henning Kamm, Christopher Zitterbart

Distributeur (France) : Épicentre Films

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