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12e édition du Festival Viva Mexico, Rencontres cinématographiques du 2 au 8 octobre 2024 au cinéma Luminor Hôtel de Ville à Paris et dans différentes villes en France : Le Fleuve de la mort de Luis Buñuel
Film méconnu de la filmographie de Luis Buñuel, Le Fleuve de la mort (El río y la muerte, 1954) fait partie de sa production intensive au Mexique dans les années 1950. Pour cela, il assume explicitement une morale officielle issue de la capitale et du pouvoir, mettant en valeur le conflit entre modernité et tradition, modernité de la ville où l'on fait ses études et où l'on devient médecin et traditions villageoises où le machisme se perpétue de génération en génération. Ce regard ne va pas donc pas sans condescendance du regard de la capitale sur l'ensemble du pays et notamment sur l'État de Guerrero qui ne cessa au fil des décennies jusqu'à l'heure actuelle d'être un foyer de contestations et d'appel à ll'indépendance.
Luis Buñuel accepte la commande consistant à adapter le roman Muro blanco sobre roca negra de Miguel Alvarez Acosta et s'intéresse plus particulièrement sur l'obsession pour la mort avec ces rituels qui consistent par exemple à faire voyager le cercueil contenant le défunt dans le village et à frapper à chaque maison, y compris chez l'assassin lui-même. De même, le franchissement de la rivière s'inscrit dans le film à l'intérieur de la mythologie grecque du Styx et fait dès lors rattacher cette histoire de familles aux ressorts de la tragédie classique où l'individu est dépendant des valeurs de la communauté à laquelle il appartient.
La multiplication des morts des hommes tout au long du film avec des duels où chacun s'entretue peut être vu comme un procédé pour tourner en dérision la folie des crimes d'honneur répondant à une tradition nauséabonde machiste. La musique initiale laisse envisager par ailleurs une approche psychanalytique des forces transgénérationnelle où il faut par exemple au cœur du film un flash back qui apparaît tel l'analyse d'un rêve pour entrer dans le récit au présent.
Film plus modeste dans ses ambitions que ses autres réalisations, le film se rattache bien à l' œuvre de Luis Buñuel dans son ensemble avec une étude poussée quant aux obsessions masculines entre Eros et Thanatos.
Le Fleuve de la mort
El río y la muerte
de Luis Buñuel
Fiction
91 minutes. Mexique, 1954.
Noir et blanc
Langue originale : espagnol
Avec : Columba Domínguez (Mercedes), Miguel Torruco (Felipe Anguiano), Joaquín Cordero (Gerardo Anguiano), Jaime Fernández (Rómulo Menchaca), Carlos Martínez Baena (Don Julián, le curé), Víctor Alcocer (Polo Menchaca), Silvia Derbez (Elsa), José Elías Moreno (Don Nemesio), Alfredo Varela (Chinelas), Miguel Manzano (don Anselmo), Manuel Dondé (Zósimo Anguiano), Jorge Arriaga (Filegonio Menchaca), Roberto Meyer (le docteur), José Muñoz (don Honorio), Guillermo Calles (Tomás), Lupe Carriles (la tante de Mercedes), Enedina Díaz de León (Doña Eulali), Amparo Garrido (la fiancée de Romulo), Georgina González (l'infirmière), Ana María Hernández (Doña Joaquinita), Cecilia Leger (une villageoise, amie de Mercedes), Álvaro Matute (Joaquín, le compagnon assassiné), Nemorio Mejía (le joueur de billard), Eduardo Moreno (Chocolate), Diana Ochoa (doña Lupe, l'épouse de Filogonio), Alberto Pedret (le cousin de Gerardo), Aurora Ruiz (Doña María, la mère de Felipe), Salvador Terroba (le frère de Joaquín), Fernando Yapur (l'ami de Gerardo), Chel López, Humberto Almazán, Efraín Arauz, Enrique Carrillo, Aurora Cortés, Jesús García, Emilio Garibay, Leonor Gómez, Salvador Godínez, Francisco Ledesma, Inés Murillo, Manuel Noriega, Antonio Padilla 'Pícoro', Ignacio Peón, José Pidal, Polo Ramos,
Scénario et dialogues : Luis Buñuel et Luis Alcoriza, d'après le roman Muro blanco sobre roca negra de Miguel Alvarez Acosta
Images : Raúl Martinez Solares
Montage : Luis Buñuel, Jorge Bustos
Musique : Raúl Lavista
Son : José de Pérez et Rafael Ruis Esparza
Maquillage : Margarita Ortega
Assistant-réalisateur : Ignacio Villareal
Direction artistique : Gunther Gerszo
Scripte : Javier Carreño
Production : Armando Orive Alba
Société de production : Clasa Films Mundiales
Production exécutive : J. Ramón Aguirre