Costa Rica Festival International de Cinéma 2015 : Nina y Laura d'Alejo Crisóstomo
Nina et Laura, souffrant de la perte de leur fils de 4 ans, vivent chacune leur deuil séparées de plusieurs milliers de kilomètres : la première au Costa Rica, la seconde au Chili.

Agrandissement : Illustration 1

Bien qu'il s'agisse d'un deuil commun, le film est marqué par une double absence : l'enfant décédé et le départ de Laura, qui n'apparaît pas à l'écran. Dès lors, l'histoire se concentre totalement sur le personnage de Laura, incarné avec grâce et sobriété par Kattia González, également coproductrice du film. La souffrance n'est jamais marqué par des larmes mais toujours par l'omniprésence de l'absence. Un paradoxe que la judicieuse mise en scène d'Alejo Crisóstomo réussit bien à traduire. Nina poursuit son quotidien mais quelque chose s'est irrémédiablement brisé : peu à peu le drame est suggéré, appuyé par les témoignages de parents de défunts en une mise en scène documentaire face caméra, pour signifier que le genre du film a beau être associé à de la fiction, le deuil et la douleur de l'absence forment un sujet quant à lui bien réel. Il fallait bien la fiction pour en rendre compte, saisissant au plus près la sourde souffrance intime du personnage. Alors que le sujet se prêtait aux pentes tortueuses du mélodrame, le cinéaste maintient en permanence un regard d'une grande pudeur sur ses personnages aussi bien que le récit qu'ils portent. Avec l'invitation du documentaire dans la fiction, ce sont bien deux parties essentielles à prendre en compte distinctement dans ce film : le personnage de fiction et le deuil documentaire. Alejo Crisóstomo propose un véritable récit personnel longuement mûri et qui sait intelligemment tirer parti d'un faible budget. Il cumule ainsi à la fois les postes de réalisateur, scénariste, monteur et coproducteur du film. La seconde cocréatrice du film est assurément Kattia González dont on peut également apprécier les talents dans le film de Paz Fábrega : Viaje. Dans les deux films, elle fait preuve d'une invention permanente d'interprétation et offre un émouvant témoignage de la richesse du cinéma costaricain animé par des créateurs de films dont la foi à l'égard du cinéma est indélébile face aux difficultés pragmatiques. Nina y Laura est ainsi un film d'une créativité qui n'a rien à envoyer à son humilité humaniste.
Nina y Laura
d'Alejo Crisóstomo
Fiction
70 minutes. Costa Rica, 2015.
Couleur
Langue originale : espagnol
avec : Kattia González (Nina), Liliana Biamonte (Carolina), Melvin Méndez (Marco), Marcela Jarquín (une amie) Oscar González Chacón (un ami)
scénario : Alejo Crisóstomo
images : Alejo Crisóstomo
montage : Alejo Crisóstomo
musique : Rafael Chinchilla, Florian Droids
Production : Ceibita Films
Producteurs : Alejo Crisóstomo, Kattia González
Site Internet : http://www.ceibitafilms.com/portfolio/nina-y-laura/