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L'homosexualité, un drame familial ? C'est bien un tabou qui s'est imposé comme une chape de plomb sur tous les membres d'une famille, développant un malaise global. La réalisatrice de ce documentaire a ainsi décidé d'enquêter sur ces zones sombres qui entourent la vie de son oncle Miguel, prématurément décédé dans les années 1980. Elle découvre très vite que la reconstruction artificielle par son entourage familial de la vie de son oncle visait à cacher son homosexualité. Sur plusieurs années, Cecilia Aldarondo mène donc son enquête, réunissant les archives des personnes qui ont connu de près ou de loin son oncle, plus de 25 ans plus tôt. Une mémoire émerge progressivement à partir de tous ces témoignages. La rencontre clé pour elle est celle de l'amant de Miguel. Pour autant, il ne concentre pas toute l'attention du film, car chaque interlocuteur livre ses souvenirs, ses interprétations quant aux comportements de l'autre et la justification de soi. Ce long et patient travail d'enquête n'a d'égal que la force d'une psychanalyse familiale où les fantômes d'hier se réveillent pour apaiser les traumatismes d'aujourd'hui. Chemin faisant, c'est à un travail de réappropriation d'une mémoire autour des années 1980 associées à l'épidémie du SIDA. L'expansion fulgurante du SIDA aurait justement pu être freinée si le tabou dans la société et plus particulièrement dans les familles n'avait pas imposé son régime de censure.
Cecilia Aldarondo est soucieuse de trouver la forme esthétique la plus appropriée pour partager les témoignages qu'elle a recueillis, qu'il s'agisse d'images d'archives ou d'entretiens filmés. La cinéaste ne se contente pas d'apporter des informations nourrissant une trame narrative, elle a le souci de présenter à travers leurs éléments personnels, ses interlocuteurs, libérant l'humanité de chacun à partir de leur vulnérabilité et de leurs contradictions. Le film s'inscrit dans la récente production documentaire où l'investigation au sein de l'histoire familiale du cinéaste permet d'offrir une nouvelle perspective historique de la société contemporaine, en quête de mémoire. Si la quête de réconciliation est bien présente, ce qui domine ici est la volonté que les vivants comme les morts trouvent la paix.
Memories of a Penitent Heart
de Cecilia Aldarondo
documentaire
74 minutes. USA – Porto Rico, 2016.
Couleur
Langues originales : anglais, espagnol
Scénario : Cecilia Aldarondo
Images : Brennan Vance
Montage : Hannah Buck
Musique : Angélica Negrón
Production : Blackscrackle Films
Productrices : Cecilia Aldarondo, Patricia Benabe
Productrice : Esther Robinson