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Cédric Lépine : Pouvez-vous évoquer le traumatisme des événements historiques au cœur du scénario du film ?
Pierre Saint-Martin Castellanos : Les événements du 2 octobre 1968 ont en effet durablement marqué la société mexicaine jusqu'à l'heure actuelle. L'État est en effet devenu l'ennemi de la population bien avant les actions de la guérilla des années 1970. Les massacres de Tlatelolco du 2 octobre 1968 sont un concentré mais il y en a eu d'autres avant. Les violences qui se sont poursuivies par la suite jusqu'à la guerre contre la narcotrafic de Felipe Calderón dont le nombre de victimes collatérales a plongé le pays dans une véritable guerre civile, ont un lien étroit avec la répression occultée du 2 octobre 1968.
Je souhaitais partager avec mon film la réalité de ces événements auprès de la nouvelle génération.
C. L. : Placer une femme au centre de l'intrigue était-ce un moyen de rendre hommage à l'implication des femmes dans les diverses formes de lutte face aux dictatures ?
P. S-M. C. : Le personnage est tout d'abord nourri de l'histoire de ma mère qui est aussi une femme forte et singulière. Elle a été prise par la culpabilité comme Socorro dans le film. Elle est devenue une avocate pour défendre les droits des personnes subissant les oppressions politiques. Depuis plus de quinze ans, j'ai toujours été fasciné par les personnages féminins. Elles ne sont pas seulement les porteurs de la mémoire mais aussi celles qui donnent la vie et la préservent tout en subissant de violentes attaques.
C. L. : Le choix du noir & blanc renvoie également à la richesse de l'histoire du cinéma mexicain et notamment aux personnages féminins emblématiques des mélodrames de l'âge d'or du cinéma mexicain : était-ce pour vous une inspiration pour votre film ?
P. S-M. C. : Je pense que ces films sont dans l'inconscient collectif des cinéastes mexicains contemporains. Alors qu'un cinéaste comme Emilio Fernández pouvait être super macho, dans ses films Dolores del Rio comme María Félix ont su défendre une féminité combative. J'ai été influencé par tous ces films de l'histoire du cinéma mexicain vus à la télévision mais avec le noir & blanc j'ai aussi voulu rendre hommage à des cinéastes contemporains qui ont su l'utiliser au mieux comme Julián Hernández et son Mil nubes de paz cercan el cielo, amor, jamás acabarás de ser amor (2003).

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No nos moverán
de Pierre Saint-Martin Castellanos
Fiction
100 minutes. Mexique, 2024.
Couleur
Langue originale : espagnol
Avec : Luisa Huertas (Socorro), José Alberto Patiño (Sidarta), Rebeca Manríquez (Esperanza), Agustina Quinci (Lucía), Pedro Hernández (Jorge), Juan Carlos Colombo (Candiani)
Scénario : Pierre Saint-Martin Castellanos, Iker Compean Leroux
Images : César Gutiérrez Miranda
Montage : Roberto Bolado, Raúl Zendejas
Musique : Alejandro Otaola
Design sonore : Daniel Rojo Solís, Alejandro Díaz Sánchez
Mixage : César González Cortés
Costumes : Dalia Rosales
Maquillage : Dalia Rosales
Casting : Luis Maya
Production : Víctor Léycegui, Male Gil
Production exécutive : Pablo Zimbrón, Pierre Saint-Martin Castellanos, Martín Burillo, Joshua Sobel