Billet de blog 14 décembre 2014

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Entretien avec Guillaume Mainguet, coordinateur de Produire au Sud au Festival des 3 Continents de Nantes

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Illustration 1
© DR

Quel est le contexte de la création en 2000 de Produire au Sud au sein du festival des 3 Continents de Nantes ?

Cela apparaît dans le contexte de diversification du festival qui fêtait alors sa 21e édition. Pendant les quinze premières années du festival, alors que la diffusion des films n’était pas aussi globalisée et intense que maintenant, le soutien aux cinémas dits du Sud avait alors un sens. Ensuite, ces films se retrouvant dans la plupart des festivals internationaux, pour conserver à la fois de l’attractivité du festival et une autre forme d’identité, il fallait rebondir sur une autre activité. En effet, le travail du festival n’était plus un gage de découverte de nouveaux talents issus de ces continents, puisque d’autres festivals bénéficiaient de cette exclusivité. Le festival des 3 Continents fut alors un des premiers en Europe à se doter d’une plateforme professionnelle comprenant des ateliers, des marchés de coproduction, des rencontres professionnelles. Puisque dès son origine le festival s’est consacré à faire connaître de jeunes auteurs, c’est très naturellement que Produire au Sud dès sa première édition s’est tourné vers des ateliers de formation destinés aux producteurs et aux réalisateurs des trois continents. Cela permettait au festival d’être présent aux côtés du film très en amont, dès les premières étapes de la création.

Quelles sont les conditions pour qu’un projet soit sélectionné ?

Pour resserrer le champ des possibles, seuls les longs métrages de fiction sont acceptés. Nous nous intéressons beaucoup aux parcours respectifs du réalisateur et de son producteur, tous deux invités à venir présenter le projet. Concernant le réalisateur, nous estimons qu’au-delà du deuxième film le festival n’a plus rien à apporter à la construction du scénario. De même pour le producteur, au-delà d’une deuxième coproduction internationale, nous n’avons plus rien à lui apporter : il possède déjà des habitudes de travail, les contacts avec l’Europe ont été établis, etc. Pour cette raison, nous limitons les candidatures aux producteurs et réalisateurs de premier ou deuxième long métrage de fiction. Les ateliers Produire au Sud tente de leur ouvrir les marchés internationaux en leur offrant des contacts, par exemple.

Illustration 2

Sous quelles formes sont présentés les projets de films ?

Nous recevons des candidatures qui présentent des pièces que le producteur doit fournir : un budget prévisionnel et des plans de financement, présentant éventuellement de potentiels coproducteurs européens. Ces documents permettent en outre de situer très vite l’état des « connaissances » du producteur par rapport à ce qui lui sera délivré durant l’atelier. S’ajoutent à cela les lettres de motivation du producteur et du réalisateur, un synopsis, 10 pages de traitement, un résumé de 3 lignes du projet. Nous demandons un scénario finalisé uniquement si le projet est sélectionné. En effet, durant les entretiens individuels lors des ateliers, la version complète du scénario est indispensable.

La période d’existence de Produire au Sud depuis les années 2000, correspond à l’émergence des cinémas latino-américains : en avez-vous été le témoin direct ?

En effet, car le fait de recevoir les candidatures permet de prendre le pouls du cinéma à travers certains territoires. Ainsi, durant les trois dernières années nous avons vu apparaître l’émergence du cinéma colombien. Cela témoigne de la conséquence de décisions politiques concernant le soutien au cinéma national. Ainsi, plusieurs pays en Amérique latine se sont dotés de fonds nationaux d’aide à la production cinématographique. Sur l’ensemble de 150 candidatures que je reçois en moyenne par an, la moitié est issue de l’Amérique latine. Ceci traduit une information qui se diffuse plus facilement dans les réseaux professionnels latino-américains. Il nous est encore difficile d’avoir des projets d’Équateur, quant au cinéma péruvien, c’est grâce à un atelier à Caracas que nous avons établi quelques contacts. Le contact sur le terrain des productions est aussi très important.

 Retrouvez cet article en version espagnole sur le site dédié à l'industrie du cinéma latino-américain, LatAmcinema : http://www.latamcinema.com/entrevista.php?id=310

Liste complète des projets latino-américains sélectionnés aux ateliers Produire au Sud :

2014

BOLIVIE – Fantasia
Juan Pablo RICHTER (réalisation), Paola GOSALVEZ (production)

ÉQUATEUR - Sanson
Pavel QUEVEDO ULLAURI (réalisation), Lucía ROMERO (production)

PARAGUAY – El Polvo de la tierra
Federico ADORNO (réalisation), Renate COSTA PERDOMO (production)

2013

CHILI – A la sombra de los arboles
Matias ROJAS VALENCIA (réalisation), Giancarlo NASI

HAÏTI – Carmen
Pierre LUCSON BELLEGARDE (réalisation), Donald CHARLES (production)

2012

BRÉSIL – Arpon
Tomás ESPINOZA (réalisation), Martin ALIAGA (production)

2011

BRÉSIL – Nem mais um copo de leite
Thiago TAVES (réalisation), Matheus ANTUNES (production)

MEXIQUE – Invocando a Dolores
Daniel EDUVIJES CARRERA (réalisation), Paola G. RIVERA PEREZ (production)

RÉPUBLIQUE DOMINICAINE – El Hombre que cuida
Alejandro ANDUJAR (réalisation), Amelia DEL MAR HERNÁNDEZ (production)

2010

ARGENTINE – Germania
Maximiliano SCHÖNFELD (réalisation), Fernando BROM (production)

BRÉSIL – Mulher do pai
Cristiane OLIVEIRA (réalisation), Aleteia SELONK (production)

2008

COLOMBIE – Love Teresa
Ana Sofia OSORIO RUIZ (réalisation), Tatiana VILLACOB (production)

PANAMA – Juega Vivo
Enrique PEREZ HIM (réalisation), Irina RUIZ FIGUEROA (production)

2007

BOLIVIE – Los Viejos
Martin BOULOCQ (réalisation), Alba BALDERRAMA (production)

BRÉSIL – A Alegria
Felipe BRAGANCIA (réalisation), Mario AZEN (production)

COLOMBIE – La Sociedad del semáforo
Rubén MENDOZA (réalisation), Daniel GARCIA (production)

CHILI – Drama
Matías LIRA (réalisation), Sebastian ALOI  (production)

PÉROU – Las Malas intenciones
Rosario GARCIA MONTERO (réalisation), Roxana RIVEIRA (production)

2006

ARGENTINE – La Vieja de atras
Pablo José MEZA (réalisation), Pepe SALVIA (production)

CHILI – Turistas
Alicia SCHERSON (réalisation), Lopez MACARENA (production)

MEXIQUE – Chapultepunk
Renato ORNELAS (réalisation), Gabriel GARCIA (production)

2005

BRÉSIL – A Senhora das imagenes
Roberto BERLINER (réalisation), Rodrigo LETIER (production)

CHILI – Huacho
Alejandro FERNÁNDEZ ALMENDRAS (réalisation), Diego IZQUIERDO (production)

MEXIQUE – Carmin Tropical
Rigoberto PEREZCANO (réalisation), Christian VALDELIÈVRE (production)

PÉROU – Paraiso
Hector CALVEZ (réalisation), Enid CAMPOS (production)

2004

ARGENTINE – El Patrón, radiografía de un crimen
Nicolas BATTLE (réalisation), Sebastain SCHINDLE (production)

BRÉSIL – Corpo
Rossana FOGLIA (réalisation), Paolo BOCCATO (production)

COLOMBIE – La Sangre y la lluvia
Jorge NAVAS (réalisation), Carolina BARRERA (production)

MEXIQUE – Pièces détachées (Partes usadas)
Aarón FERNÁNDEZ LESUR (réalisation), Elsa REYES (production)

2003

ARGENTINE –  Los Suicidas
Juan VILLEGAS (réalisation), Nathalie CABIRON (production)

BRÉSIL – A Festa da Menina Morta
Matheus NACHTERGAELE (réalisation), Vania CATANI (production)

CHILI – Gas
Hervé FRANCISCO (réalisation), Bruno BETTATI (production)

2002

ARGENTINE – La Familia rodante (Villa)
Pablo Trapero (réalisation), Hugo Castro FAU

BOLIVIE – Di buen día a Papa
Fernando VARGAS VILLAZÓN (réalisation), Veronica CORDOVA (production)

CHILI - El Lugar encantado
Juan Vicente ARAYA MONGE (réalisation), Sebastian Aray SERANNO (production)

PARAGUAY – La Santa
Juan Carlos MANEGLIA (réalisation), Renate COSTA PERDOMO (production)

URUGUAY – La Perrera
Manolo NIETO (réalisation), Fernando EPSTEIN (production)

URUGUAY – Whisky
Pablo STOLL et Juan Pablo REBELLA (réalisation), Fernando EPSTEIN (production)

URUGUAY – Les Toilettes du Pape (El Baño del Papa)
Enrique FERNÁNDEZ (réalisation), Elena ROUX (production)

2001

ARGENTINE – Los Guantes magicos
Martín REJTMAN (réalisation), Hernan MUSULAPPI (production)

ARGENTINE – La Niña santa
Lucrecía MARTEL (réalisation), Alavaro URTIZBEREA (production)

CHILI – Album
Nicolas ACUÑA (réalisation), Santiago VERGARA (production)

COLOMBIE – Tres hombres, tres mujeres
Carlos HERNÁNDEZ (réalisation), Angela ROMERO (production)

URUGUAY – Ruido
Marcelo BERTALMIO (réalisation), Natacha LOPEZ (production)

2000

ARGENTINE – Les Pendus (Ahorcados)
Juan Pablo GALLI (production)

CHILI – Puits sans fond (Pozo sin fondo)
Cristián CASTRO FERNÁNDEZ (réalisation et production)

PÉROU – Triste
Josué MÉNDEZ (réalisation et production)

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