Festival de Cannes 2015 : L’exercice du pouvoir

Semaine de la Critique 2015 à Cannes : Paulina de Santiago Mitre

Malgré l’opposition de son père, Paulina, promise à une brillante carrière d’avocate, décide de donner des cours à des jeunes d’une région défavorisée d’Argentine. Sur place, la pratique dépasse sa théorie et une violente agression va venir questionner ses convictions les plus profondes.

Avec El Estudiante (2011) Santiago Mitre marquait vivement les esprits dès son premier long métrage. Son second vient confirmer sa maîtrise du matériau cinématographique. Tout commence avec un plan-séquence où le personnage éponyme affronte son père dans une joute verbale où chacun développe son argumentation pour justifier ses choix de vie. Cette introduction est virtuose : autant dans la mise en scène que dans l’interprétation. Tout au long du film, le personnage principal devra affronter un monde qui s’opposera à ses choix sous le prétexte de la protéger. En cela, le film est politique car il met en scène l’exercice du pouvoir, interrogeant la place de la femme dans l’espace politique. Certains voudraient la réduire à la case de victime voire de folle pour imposer leurs droits sur elle. Mais toute la détermination de cette femme est bien plus forte que les tentatives d’emprise environnantes. C’est pourquoi Paulina dépasse sa simple condition individuelle, pour conduire à une réflexion universelle. Santiago Mitre choisit une mise en scène qui fait référence au thriller pour raconter son histoire, et l’on retrouve ici sa touche spécifique qu’il avait si brillamment développé en cosignant les scénarios des derniers films de Pablo Trapero. Son cinéma repose beaucoup sur ses acteurs qu’il sait très bien mettre en scène à l’appui d’un scénario finement développé. Alors que le sujet de l’histoire se prêtait aisément au mélodrame, Santiago Mitre en fait un thriller politique dont il n’est guère aisé de se départir, tant il prend dans sa course effrénée le spectateur.

Paulina

de Santiago Mitre

avec : Dolores Fonzi, Oscar Martinez, Esteban Lamothe, Cristian Salguero

scénario : Santiago Mitre, Mariano Llinas

image : Gustavo Biazzi

son : Santiago Fumagalli, Federico Esquerro, Edson Secco

décor : Micaela Saiegh

montage : Delfina Castagnino, Leandro Aste, Joana Collier

musique : Nicolás Varchausky

Producteurs : Agustina Llambi Campbell, Fernando Brom, Santiago Mitre, Lita Stantic, Didar Domehri, Laurent Baudens, Gaël Nouaille, Walter Salles, Ignacio Viale

Distribution : Ad Vitam

Vente internationale : Versatile