Billet de blog 17 avril 2014

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Cédric Lépine

Critique de cinéma, essais littéraires, littérature jeunesse, sujets de société et environnementaux

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Un cinéaste en quête de son père : essai d’introspection filmique

En compétition internationale de l’édition 2014 du Cinéma du Réel à Paris, Carta a un padre d’Edgardo Cozarinsky signe le retour très inspiré du réalisateur de Ronde de nuit, avec un documentaire brassant une histoire familiale en Argentine au XXe siècle. 

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En compétition internationale de l’édition 2014 du Cinéma du Réel à Paris, Carta a un padre d’Edgardo Cozarinsky signe le retour très inspiré du réalisateur de Ronde de nuit, avec un documentaire brassant une histoire familiale en Argentine au XXe siècle.

Illustration 1

Edgardo Cozarinsky est un cinéaste et écrivain argentin qui a réalisé des films depuis les années 1970. Sa carrière est internationale, réalisant une grande partie de ses films en France, effectuant des séjours réguliers à Paris. Dans ce documentaire de 2013, il privilégie la forme de l’essai pour aborder à la fois la figure de son père qu’il a peu connu ainsi que l’histoire de la colonisation juive en Argentine. Sa démarche est chronologique, remontant à l’origine de l’installation de ses arrière-grands-parents qui ont quitté Kiev et Odessa à la fin du XIXe siècle. Il revient ainsi dans la ville originaire de sa famille, Entre Ríos, où il n’avait jamais été jusque-là. Commence un travail d’investigation pour retrouver l’histoire passée de sa famille et de la colonie juive d’alors. S’ajoutent alors plusieurs photographies de la famille du réalisateur où apparaît souvent le même homme en costume militaire : son père. Cet homme fut régulièrement en déplacement diplomatique, ce qui fait qu’il est resté une figure énigmatique qui n’a certes guère aidé à construire l’enfant Edgardo Cozarinsky. D’ailleurs, le cinéaste ayant quitté son pays au moment où la dictature des colonels commençait à s’établir dans les années 1970, le réalisateur s’interroge : si son père n’était pas mort avant la dictature, en tant que militaire, y aurait-il participé ? On pense parfois à Irène d’Alain Cavalier avec cette capacité à traverser tout un pan d’histoire personnelle, allant à la rencontre d’une face jusque-là inédite du cinéaste et avec une économie de moyens touchant à l’essentiel pour faire revivre la mémoire à l’écran. On ne trouve aucunement chez Edgardo Cozarinsky un ton sentencieux pour raconter une histoire officielle : on retrouve là le talent de l’auteur de La Guerre d’un seul homme (1982). En effet, à partir des journaux personnels d’Ernst Jünger qui a vécu sous le Paris de l’Occupation de la Seconde Guerre mondiale, le cinéaste avait su montrer un regard personnel contribuant par un apparent détour à réfléchir l’Histoire officielle. De la même manière, avec un ton personnel sans jamais s’enfermer dans le seul film de famille ou documentaire autobiographique, le cinéaste partage une sensibilité toute personnelle sur le passé, la mémoire et les figures présentes ou absentes avec lesquelles on se construit ou non.

Carta a un padre

d'Edgardo Cozarinsky

Documentaire

63 minutes. Argentine - France, 2013.

Couleur

Langue originale : espagnol

Scénario : Edgardo Cozarinsky

Images : Lisandro Negromanti

Musique : Chango Spasiuk

Montage : Eduardo López-López

Son : Julia Huberman, Gaspar Scheuer

Production : Constanza Sanz Palacios Films, Les Films d’Ici

Producteur : Edgardo Cozarinsky

Vente internationale : Constanza Sanz Palacios Films

Contacts :

Les Films d’Ici
62, boulevard Davout
75020 Paris
France
Téléphone : +33 1.44.52.23.23
Fax : +33 1.44.52.96.70
E-mail : courrier@lesfilmsdici.fr
www.lesfilmsdici.fr

Constanza Sanz Palacios Films

info@constanzasanzpalacios.com

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