Festival de Cannes 2014, Compétition officielle : Relatos salvajes, de Damián Szifron
À travers diverses histoires, des personnages sont confrontés à des situations qui les mettent hors d’eux-mêmes et les conduisent à une grande violence auprès de leur entourage.

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Le troisième long métrage de Damián Szifron s’offre une place distinguée dans la sélection officielle cannoise : il est à la fois le seul représentant du cinéma de toute l’Amérique latine et il s’agit de son premier film à Cannes, les deux précédents étant à ce jour inconnus des salles françaises. Ce film suscitait donc une très grande attente. En outre, il propose un film à sketch, genre s’il en est, peu fréquent en sélection compétitive. S’il est question de personnages empruntant le chemin de la violence, le tout est en permanence mâtiné d’humour noir. C’est ce qui fait que l’on ne peut rester insensible en tant que spectateur au film. Le cinéaste cosigne le montage du film, témoignant ainsi de l’importance du rythme dans la construction de ce type de film. Il a également la gageure de réunir la fine fleur des acteurs argentins, du plus connu mondialement, au cinéma d’auteur à petit budget. Le film bénéficie d’une beau parrainage puisqu’il s’agit d’une coproduction espagnole avec la société de production El Deseo des frères Almódovar. Un soutien essentiel et bienvenu pour la filmographie de Damián Szifron.
Les dialogues sont toujours percutants, rien de laisser au hasard dans les échanges entre les personnages. Ainsi, les scènes d’actions sont parfaitement associées à l’intensité des propos. L’image n’est pas en reste avec une première histoire en guise de prégénérique avec un final époustouflant et spectaculaire qui vient parfaitement donner le ton à ce que sera le film. Il y a dans ces histoires un humour noir ravageur comme a su le réussir en son temps la comédie italienne dans ses célèbres films à sketch. En outre, toutes les histoires sont parfaitement liées par un même fil rouge, que l’on pourrait traduire par : jusqu’où peut aller en violence à ne pas accorder un pardon. Car toutes les histoires partent de ce constat avec souvent final qui montre une réconciliation possible dans des circonstances complètement inattendue. Cet humour n’est jamais gratuit puisqu’il parle de la société humaine toujours à la frontière avec la barbarie. Toute société de modèle « occidental » retrouvera aisément son autoportrait dans ce film, avec toute sa tension, son stress, ses incohérences et son absurdité.
Relatos salvajes
de Damián Szifron
avec : Ricardo Darín (Simón), Oscar Martínez (Mauricio), Darío Grandinetti (Salgado), Rita Cortese (la cuisinière), Julieta Zylberberg (la serveuse), Erica Rivas (Romina), Leonardo Sbaraglia (Diego), María Onetto (Helena)
scénario : Damián Szifron
image : Javier Julia
son : Jose Luis Diaz Ouzande
décor : María Clara Notari
montage : Pablo Barbieri Carrera, Damián Szifron
musique : Gustavo Santaolalla
Production : Kramer & Sigman Films (Argentine), El Deseo (Espagne)
Producteurs : Agustín Almodóvar, Pedro Almodóvar, Hugo Sigman, Esther García, Matías Mosteirín
Coproducteur : Axel Kuschevatzky
Distribution : Warner Bros
Vente internationale : Film Factory